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mardi 13 mai 2014

Les Suisses appelés à voter sur trois référendums signes des temps

Votations du 18 mai 


Ce dimanche 18 mai, les Suisses devront se prononcer sur plusieurs initiatives qui ont généré ces derniers mois beaucoup de débats houleux dans les médias, les partisans et les opposants de chaque initiative défendant leur point de vue avec autant de hargne que d'arguments convaincants : l'initiative pour un salaire minimum, l'initiative contre l'achat de nouveaux avions de combat Saab et, en canton de Vaud, l'initiative pour sauver Lavaux 3 (visant à protéger définitivement cette zone déclarée patrimoine mondial de L'UNESCO). Les divisions prononcées sur ces questions sont aussi le reflet d'une époque : l'idée de l'instauration du salaire minimum refait surface alors que la conjoncture s'est améliorée et après que les travailleurs les moins qualifiés furent parmi les premières victimes de la crise; Sauver Lavaux 3 est le reflet  des taux à zéro et de la bulle immobilière et de leur triste corollaire,  le bétonnage de la Suisse; la controverse sur l'achat des Gripen reflète  le tiraillement entre la nécessité d'assurer la sécurité du territoire, la neutralité et l'indépendance de la Suisse et les autres priorités telles que perçues par la population dans un contexte géopolitique qui jusqu'à récemment n'avait plus rien en commun avec la guerre froide.


Le salaire minimum

Ce coup de couteau dans le dos du chômeur et de l'entrepreneur

L'initiative pour le salaire minimum émane des syndicats de Suisse, l'USS. Et ce n'est pas suprenant, comme certaines autres revendications syndicales historiques, le combat pour le salaire minimum est, avec toutes les bonnes intentions qu'on peut lui trouver, effectivement le combat de ceux qui ont un emploi contre ceux qui n'en ont pas et désirent une activité (chômeur, entrepreneur). Le salaire minimum est une fixation des prix, le prix du travail, pour limiter la concurrence. Ce sont les "haves" contre les "have nots", les installés contre les laissés-pour-compte. Car les économistes dans l'ensemble s'accordent pour dire que le salaire minimum nuit à l'emploi, il s'agit de théorie économique enseignée en 1ère année : si l'on fixe les prix, la demande s'ajuste en fonction du prix (minimum ici) fixé et un déséquilibre entre offre et demande se développe. Dans le cas du marché du travail, la demande de main- d'oeuvre de la part des employeurs diminue à cause du prix fixé à un niveau plus élevé pour celle-ci . Et ce sont les couches les plus vulnérables de la population qui en souffrent, les travailleurs peu qualifiés, mais aussi les petits indépendants et patrons de petites entreprises sur le dos desquels on jette soudain un enième fardeau de plus, pour certains insupportable. PME Magazine donne l'exemple d'un maraîcher qui devrait augmenter ses employés de 43% à CHF 4766 /mois  tenant compte du 13ème mois. Dans certains cas, le patron serait moins bien payé que ses employés (notez évidemment qu'un indépendant n'a pas de 13 ème mois) !  


Article de PME Magazine sur la réalité du SMIC à CHF 4000 :

http://www.pme.ch/de/artikelanzeige/artikelanzeige.asp?pkBerichtNr=187088



Le salaire minimum à CHF 4000 serait une catastrophe pour l'emploi 


Comme toutes les revendications syndicales, celle d'un salaire minimum s'est développée bien entendu à cause d'abus patronaux, mais si des abus existeront toujours, nous sommes bien loin de l'époque où les travailleurs se trouvaient dans une telle position de faiblesse qu'il leur était difficile de négocier des améliorations des conditions de travail. Aujourd'hui, en Suisse comme ailleurs, il existe des conventions collectives régissant le niveau des salaires dans beaucoup de secteurs. Elles permettent aux acteurs, patrons et travailleurs de négocier en fonction des conditions propres à leur activité, un système qui permet un minimum de flexibilité. Et la Suisse ne devrait pas s'engager dans une voie qui réduit la flexibilité du travail. La flexibilité du travail se traduit aussi au final par plus d'opportunités d'emploi, et donc plus de choix (de changer de travail), il ne faut pas l'oublier. 
Tout le monde du côté du "Pour" a oublié semble-t-il, les années 2008-2009 où l'on parlait de payer certains travailleurs frontaliers en euros pour réduire le coût du travail, et conserver des emplois face à la crise de l'euro et son corollaire, l'envolée du franc suisse qui rendait le pays non-compétitif. La Suisse fait aussi face à une tendance déflationniste qui est en partie structurelle, or le problème dans une économie en déflation c'est la rigidité des salaires.Les salaires ne sont jamais fonction d'un véritable marché libre où ils fluctueraient constamment en fonction de l'offre et de la demande, les économistes disent qu'ils sont "sticky", ils ne s'ajustent pas à une demande moindre pour la main-d'oeuvre avec pour résultat des coupes sombres dans les effectifs lorsque le travail devient trop cher au regard du volume d'activité en baisse des entreprises.
Vu les menaces déflationnistes qui pèsent sur l'Europe, l'instauration d'un salaire minimum, qui plus est à ce niveau élevé (CHF 4000) serait sans doute une erreur.


Si l'initiative était approuvée, la Suisse aurait un salaire minimum double de celui de ses concurrents et le plus élevé au monde 


En Suisse, il existe déjà un salaire minimum dans les faits

En Suisse, il existe déjà un salaire minimum dans les faits. Il est par exemple très difficile, voire impossible de trouver du personnel (étranger en général) pour le ménage prêt à travailler pour moins de CHF 20 de l'heure, une rémunération qui est communément admise comme étant un minimum. Dans la restauration, une serveuse s'attend aussi à être payée CHF 20- CHF 25 de l'heure. C'est le double du salaire de base pour une fonction administrative aux Etats-unis et une des raisons pour lesquelles, un repas au Mc Donald's en Suisse coûte aussi cher qu'un plat principal dans un petit resto aux USA (le cheese burger par ex. coûte CHF 3.50 en Suisse contre 99 cents aux USA). Les attentes salariales sont telles qu'elles font passer tous les autres aspects du travail loin derrière. Par exemple, pour un employeur, il serait sans doute difficile de vanter l'attrait d'un poste pour ses conditions de travail et le travail enrichissant si la rémunération n'est pas alignée sur le standard de CHF 20-CHF 25  de l'heure. La réalité est que les salaires sont déjà élevés en Suisse. Le salaire minimum dans d'autres pays développés est bien inférieur, PME Magazine a fait une comparaison, si l'initiative est approuvée, la Suisse aurait un salaire minimum double de celui de ses concurrents et le plus élevé au monde. Imposer aux entreprises un salaire minimum si élevé aura toutes sortes de conséquences néfastes en plus d'augmenter le taux de chômage chez les moins qualifiés et les jeunes : les perspectives salariales de tous les employés seront affectées puisque les coûts de la masse salariale globale augmenteront pour chaque entreprise, la rémunération au mérite et à l'ancienneté sera affectée aussi créant des tensions et des problèmes de motivation, les CDD vont se multiplier comme dans l'Union Européenne où le fameux modèle social européen a tué l'emploi.

 Les initiants prétendent qu'il est difficile de vivre décemment avec CHF 3500, mais c'est une grande exagération qui ne reflète pas la réalité. La Suisse est toujours un îlot de cherté, mais le budget vital ou de base n'est pas tant élevé, l'entrée du low-cost en Suisse où jadis tout était hors de prix y contribue beaucoup. Et justement, cette tendance devrait aussi faire pencher la balance en faveur du non. Car si les salaires ont été historiquement si élevés en Suisse, c'est en grande partie parce que grâce aux réglementations suisses bien des secteurs n'opéraient pas dans un environnement concurrentiel et pouvaient ainsi générer des profits importants. La vaste majorité des salariés et donc des Suisses en a profité, mais longtemps au détriment des consommateurs qu'ils étaient aussi. Or avec l'ouverture de la Suisse notamment à l'Union Européenne, et dans une économie mondialisée de plus en plus compétitive où la technologie ne met aucun secteur à l'abri, on ne peut plus être assuré que des conditions similaires seront présentes à l'avenir. Le marché suisse ne sera plus jamais protégé comme il l'a été dans le passé.


  Autre votation ce 18 mai : Non au Gripen ? 


Cette initiative lancée par la gauche alliée à une coalition composée notamment de "partis bourgeois" s'oppose à l'achat par la Confédération, grâce à la création d'un fonds spécial, d'avions de combat Gripen produits par le suédois Saab. Le projet de renouvellement d'une partie de la flotte de la force aérienne suisse avec des avions Saab fait l'objet depuis plusieurs années de nombreuses controverses. Saab s'est montré plus qu'entreprenant avec les décideurs politiques suisses et le processus de négociation a été arrosé de critiques. Aujourd'hui les critiques se portent essentiellement sur le coût de ces 22 avions et les charges que leur entretien implique. S'ils vont coûter un peu plus de 3 Mds à l'achat, le total sur plusieurs années atteindrait 10 Mds selon les initiants, la Défense, elle, avance plutôt une estimation de 6 Mds. Les initiants pointent "les coupes sombres dans la santé, la formation et la sécurité publique" et les besoins de l'AVS pour s'opposer aux Gripens.  Des arguments qui à mon avis auront du mal à convaincre les Suisses attachés à leur indépendance et à leur armée qui a besoin de nouveaux avions. Quant à l'AVS, mon avis, que la majorité ne partagera pas, est que comme tous les systèmes de retraite par répartition, elle est fondamentalement problématique et comme les augmentations de TVA le montrent, deviendra un puit sans fond et de plus en plus un grand transfert intergénérationnel si une solution permanente n'est pas trouvée pour diminuer son rôle dans le système de retraites, au profit de solutions privées (mais sans le "free lunch" que celles-ci ont constitué jusqu'ici pour le secteur financier).


Puisque l'armée suisse va bientôt devoir se séparer de ses 54 Tiger F-5 aujourd'hui dépassés, il ne restera plus à l'armée que 32 F/A 18 Hornet eux-mêmes vieillissants. La question de l'opportunité d'un renouvellement donc ne se pose pas pour les opposants à l'initiative. Aujourd'hui la guerre se mène et se gagne dans les airs. Une armée sans une force aérienne suffisante et moderne est une armée de pacotille et tout le monde est conscient qu'une armée suisse reposant principalement sur le fantassin ou Panzergrenadier ne correspondrait pas au standard actuel des grandes puissances. Surtout une force aérienne conséquente garantit l'indépendance et la neutralité. On le voit aujourd'hui avec l'OTAN, le support aérien indispensable est fourni par les Etats-Unis essentiellement. Sans nouveaux avions de combat, en cas de besoin la Suisse devrait peut-être un jour faire appel à l'OTAN. Impensable.


Selon les partisans du Gripen qui suivent l'avis d'un certain nombre d'experts, le Gripen représente le meilleur rapport qualité/prix face aux concurrents considérés : le Rafale et l'EuroFighter, tous deux plus coûteux. Le coût global du Gripen, y compris entretien est aussi inférieur sur le long terme à celui des deux autres. Saab représente aussi un partenaire idéal pour la Suisse puisque la Suède est neutre également.  Il est intéressant de noter que le Gripen constitue aussi un partenariat entre Saab et plusieurs fabricants d'équipement suisses, et en cas de oui au Fonds spécial Gripen, Pilatus, l'avionneur helvétique, décrocherait un contrat pour la livraison d' appareils d'entraînement à l'armée suédoise ! Nul doute que cet échange de bons procédés fut un facteur pris en compte dans la décision du Conseil Fédéral.  Car le citoyen pourrait se demander pourquoi la Suisse n'a pas envisagé d'acheter de nouveaux F 18 Super Hornet, évolution du F/A 18 un jet bon à tout faire, des F-16 ou des F-15 moins coûteux, ou même des Mig 29, un appareil très performant, et très maniable en terrain accidenté, au coût bien inférieur au Gripen ... Hormis le fait que les coûts totaux ne sont pas forcément inférieurs, les arguments contre un fournisseur américain (ou russe !) sont simples : la dépendance vis-à-vis d'une grande puissance, des relations avec les USA qui ne sont plus cordiales depuis longtemps, surtout dans les milieux militaires depuis les révélations Snowden. Et sans doute des détails d'ordre pratique : l'Inde est équipée comme de nombreuses autres nations de Mig 29, mais lorsqu'on s'est rendu compte d'un défaut de fabrication sur ce modèle devenu controversé, les avions pour être réparés et modernisés devaient être envoyés en Russie.

Voici un article sur les avantages et désavantages du Super Hornet vis-à-vis du Gripen, deux appareils en compétition pour une dotation de l'armée canadienne:
http://gripen4canada.blogspot.ch/p/what-about-super-hornet.html


Si comme ses opposants le font remarquer, le Gripen est moins performant que le F/A 18 et les autres appareils considérés, le Gripen serait polyvalent sans être brillant dans aucune tâche.  Mais d'autres inquiétudes sont exprimées par ses opposants, le Gripen serait encore un avion sur papier, des tas de problèmes ont été mis au jour lors des séances de testing, l'avion a été sévèrement critiqué par certains militaires et il n'y a pas de garantie que tous ces problèmes seront réglés dans la version que Saab devrait livrer, sans doute avec aussi beaucoup de retard, peut-être pas avant 2023 ...

           Le Saab Gripen



Quoiqu'il en soit, l'armée suisse, dont la devise est Si Vis Pacem, Para Bellum, affirme son besoin pour de nouveaux avions, qui devraient aussi permettre on l'espère, on l'a promis en tout cas, d'éviter des incidents de sécurité aérienne comme celui vu dernièrement et indigne d'une force aérienne qui se respecte (je ferai l'impasse sur les détails amusants pour raisons de sécurité publique). Un même besoin se présentera aussi au niveau de la flotte d'hélicoptères. Avec une quarantaine d'appareils qui ne sont même pas armés (ils le seront mais avec de l'armement très léger) et dont beaucoup ne sont pas à la pointe de la technologie, certains comme M. Fridez (groupe socialiste) ont déjà posé la question d'un renouvellement. Le Conseil fédéral a répondu que la dotation était actuellement suffisante, et qu'essentiellement alors que des appareils sont mis à la retraite, il faudra faire avec ce que l'on a . Pourtant des hélicoptères plus modernes seraient tout aussi utiles voire bien plus utiles que les Gripen. Ils peuvent être utilisés pour des missions de protection civile, permettre de consacrer plus d'anciens appareils aux missions de police et à la lutte contre le grand banditisme frontalier (un phénomène qui risque bien d'exploser avec le malaise économique européen), et servir pour des missions à l'étranger (protection de la marine marchande suisse, opération de sauvetage etc.). Peut-être même qu'une promesse d'achat par la Suisse d'hélicoptères BlackHawk et Apache permettrait de négocier des amendes moins sévères aux banques suisses. On peut toujours rêver ...



 Canton de Vaud : Sauver Lavaux 3  


Une autre initiative qui déchaîne les passions. Une première initiative "Sauver Lavaux" votée en 1977 et lancée par Franz Weber, avait abouti à des mesures de protection pour cette région viticole et bucolique de l'arc lémanique,  le célèbre écologiste suisse a soumis une nouvelle initiative au vote des vaudois pour définitivement mettre Lavaux à l'abri de la spéculation immobilière qui bat son plein dans tout le pays, mais particulièrement sur l'arc lémanique. Les arguments des initiants et des opposants qui ont lancé un contre-projet sont tout aussi convaincants en apparence. Les vignerons craignent qu'un OUI rendent impossible le développement de leurs activités, notamment une transition du négoce de vin en gros vers la vente directe aux particuliers qui nécessite des aménagements pour recevoir les clients et organiser des dégustations, ils craignent aussi de ne jamais pouvoir construire un nouveau logement pour des enfants par exemple. Avec la chute des prix du vin générique depuis les années 90, la plupart des vignerons font face à des difficultés et doivent repenser leur modèle d'affaires. Les opposants peignent un scénario alarmiste dans lequel le secteur serait coulé par cette nouvelle initiative qui veut restreindre encore plus le développement de la région. Les initiants sont accusés de vouloir mettre Lavaux sous cloche, une accusation fréquemment faite en Suisse à ceux qui se battent pour la préservation des paysages, et qui s'inscrivent alors parfois en porte-à-faux avec le traditionnel pragmatisme suisse. 

           Le tract alarmiste des opposants à Sauver Lavaux


Toutefois, Sauver Lavaux 3, n'empêchera pas tous les projets immobiliers,  les projets d'utilité publique (EMS, écoles) resteront autorisés ainsi que les constructions souterraines, ce qui devrait permettre aux exploitants viticoles de développer l'infrastructure d'accueil nécessaire à leurs nouvelles activités. De plus, l'initiative prévoit des aides financières aux vignerons pour le maintien des murs typiques des coteaux du Lavaux. Selon  l'association Sauver Lavaux, cette troisième initiative est nécessaire pour que les dispositions de la première soient véritablement appliquées. L'association se dit épuisée face à la surveillance qu'elle doit mener et aux abus des pouvoirs locaux. Car les pouvoirs publics comme après d'autres initiatives ont trouvé des moyens d'alléger en pratique les dispositions en faveur desquelles le peuple s'était prononcé. Les municipalités locales cèdent trop souvent à la pression des promoteurs. C'est que comme ailleurs en Suisse, des relations de complaisance se développent pour toutes sortes de raisons, entre politiques et acteurs du secteur immobilier et du BTP. Si le résultat a pu être, par endroits, catastrophique pour l'urbanisme, comme à Lausanne, en Lavaux, on constate que des villas de luxe, avec les mêmes styles modernes et disharmonieux vus ailleurs, s'érigent ça et là, menaçant le paysage.

"D'une beauté à couper le souffle" dit l'affiche vantant un projet de complexe d'appartements modernes sur les hauteurs de Lavaux par Bernard Nicod, un des plus gros promoteurs de la région 
(documents association Sauver Lavaux)


450 demandes de permis de bâtir ont ainsi été déposées en moins de 3 ans, dont seulement une dizaine pour des projets en relation avec la viticulture ! La tentation est grande pour les propriétaires terriens, avec l'envolée des prix de l'immobilier. Et sur l'arc lémanique, il est avéré que les promoteurs parviennent à implanter des projets qui altèrent complètement le paysage historique de la côte, et ce même à proximité directe de zones ou bâtiments protégés. Selon les initiants dans les rangs desquels on trouve aussi le WWF, le contre-projet est une coquille vide, un écran de fumée qui laisse croire à une protection du patrimoine, pour en réalité laisser faire aux communes ce qui bon leur semble.  Il existe donc de bons arguments pour le OUI, le 18 mai. Ce dernier combat acharné entre opposants et initiants n'aurait sans doute pas eu lieu sans la bulle immobilière.