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lundi 4 janvier 2016

2016 : Chaos à l'horizon ? Prédictions, suite

Comme chaque janvier, c'est le moment de formuler des perspectives sur les marchés et en particulier les bourses mondiales. Voilà donc l'occasion en quelque sorte de reprendre ma série de messages de prédictions entamée plus tôt en 2015. La plupart se sont avérées correctes, mais j'avais prévenu, je n'aime pas faire de prédictions et n'en formule que lorsque beaucoup d'éléments permettent d'avoir une grande confiance dans leur réalisation. A ce propos, de passage en Belgique chez une cousine presque centenaire de mon grand-père, j'ai réalisé que sans doute, je devais à ce dernier mon intérêt non seulement pour l'histoire, grâce aux nombreux livres qu'il m'offrait, mais aussi pour la prospective. Mon grand-père qui épousa ma grand-mère en 1928, refusa de lui faire un enfant, d'abord pressentant la Grande Dépression, et à partir de 1936, une nouvelle guerre. Mon grand-père était passionné d'histoire napoléonienne. Après un engagement comme volontaire de guerre, une évasion due à la chance, il reprit son travail de bijoutier, tout en rendant de nombreux services à la Résistance puis aux Alliés. Au printemps 1944, quelques semaines avant le débarquement, il déclara à ma grand-mère que le temps était venu d'avoir enfin cet enfant ! Le plus étonnant c'est que nul dans la famille ne se souvient de mon grand-père comme d'un homme particulièrement clairvoyant. En fait, malgré son engagement volontaire en 1940, alors qu'il devait être conscient que l'armée belge serait écrasée par la Wehrmacht, on plaisante aimablement du fait qu'il avait "peur de tout", qu'il avait si longtemps refusé d'avoir un enfant. Tel est en effet souvent le sort de ceux qui correctement entrevoient un avenir peu réjouissant. Qu'ils soient bons pères de famille prévoyants, ou prévisionnistes par profession.

Mais revenons aux perspectives boursières. Les voici donc, très résumées. Depuis plusieurs mois, j'ai communiqué aux clients que 2016 serait probablement une année mauvaise et qu'une posture très prudente était de mise en fin d'année. En fait, la recommandation fut de liquider toute exposition action ce mois de décembre. Depuis l'été, cette exposition était devenue très prudente, et les bourses européennes délaissées dans l'ensemble à cause d'une volatilité qui allait mettre à mal l'execution du système technique suivi (ce qui fut effectivement le cas). Le thème déjà abordé des aberrations de marché, produit des folles politiques des  banques centrales est bien entendu également une raison derrière cette recommandation. Tout semblait aussi indiquer que 2016 serait l'année du krach, notamment nombre de configurations techniques omineuses sur les bourses : valeurs vedettes en cours de blow-off top, valorisation démentielle de certains segments (ex. Amazon avec un P/E de 900), divergences majeures de certains indicateurs, le tout en conjonction avec de nouveaux signaux de vente techniques et bien sûr un environnement macro de plus en plus défavorable (et l'effondrement des matières premières, phénomène du canari dans la mine, présageant une déflation ) etc.  A la fin décembre, toutefois, cette confiance nécessaire pour faire une telle prédiction de krach, n'était plus aussi forte. Reste un élément qui nous garantit quasiment des mauvaises nouvelles : le VIX . Le fameux indicateur de la volatilité du S&P 500 telle que prévue par les traders d'options, lequel reste encore bien souvent un baromètre mondial des marchés actions, a affiché une forte poussée en 2015, ceci après une tendance à la baisse de plusieurs années. Or, historiquement, chaque fois qu'un tel phénomène s'est produit sur l'année, l'année suivante voit une autre poussée de volatilité. C'est logique, un krach historique, impactant fortement l'économie, ne se produit pas du jour au lendemain. Une série de revers pour les investisseurs, une dégradation progressive des conditions de marché et économiques, se développent sur une période plus ou moins longue avant que la majorité ne prenne conscience de la sévérité du ralentissement et se mette à vendre en masse. Tel les secousses sismiques précédant un tremblement de terre, le VIX donc connait nombre de soubresauts de plus ou moins grande ampleur (croissante),  durant ce processus de hausse de la volatilité et de formation d'un sommet.

Je dois dire que durant ces vacances au plat pays, mes inquiétudes pour 2016 furent quelque peu renforcées un matin à la lecture du Figaro. Le journal titrait sur "une belle année boursière en perspective", pas un seul, je répète pas un seul, parmi la dizaine des "prévisionnistes" des banques sondés par le journal n'entrevoyait une baisse du CAC40. Bien entendu, les stratégistes des banques ont pour mission d'être optimistes afin de ne pas perdre d'affaires auprès des clients, mais face aux conditions actuelles, on pourrait penser que quelques-uns, au moins, exprimeraient de la prudence ... 

Ce lundi matin, l'on apprend que la bourse chinoise s'est effondrée (il faut voir là sans doute une reprise, pour de bon, de la baisse), et l'on apprend que le Moyen-Orient sombre plus profondément encore dans les tensions et la violence. L'observateur expérimenté des marchés sait qu'une forte tendance commencée le premier jour de l'année tend à durer au moins quelques jours, et que les premiers jours de l'année boursière souvent présagent du reste de celle-ci.  Si en tant qu'habitant de cette planète, en particulier de ce continent, il faut craindre de plus en plus le chaos, ou du moins des épisodes de chaos, sur les marchés, le chaos peut commencer n'importe quand. Et comme toujours, beaucoup d'investisseurs, à nouveau n'auront que leurs yeux pour pleurer.



La fin du boom de l'immobilier : l'analyse contrarienne c'est quelque chose de bien connu en bourse - même si souvent pas toujours bien compris et mis en pratique - mais c'est utile aussi sur d'autres marchés. Par exemple, une telle analyse permit de prédire le futur effondrement des ventes de l'horlogerie suisse après BaselWorld 2013 qui exposa la folie des grandeurs d'un secteur à son sommet (http://www.letemps.ch/economie/2013/04/22/horlogerie-se-met-scene-baselworld ), à cette époque, des patrons de l'horlogerie devinrent des vedettes invitées sur tous les plateaux de TV. Le marché a commencé à ralentir en 2014  et l'on connait la suite lorsque la bourse de Shanghai s'est écrasée comme nous l'avions pronostiqué. A lire aussi sur ce sujet et l'effondrement à venir : http://www.zerohedge.com/news/2015-12-22/even-rich-are-cutting-back-swiss-watch-exports-continue-collapse-despite-price-cuts . Ainsi si l'on devait faire confiance aux indicateurs de la psychologie, la fin du boom de l'immobilier est toute proche aussi pour le marché suisse. Ceci serait bien sûr logique en cas d'effondrement de l'économie mondiale, les autres marchés européens seraient aussi affectés, en particulier ceux qui ont jusqu'ici peu souffert (la Belgique où les prix restent démentiels, l'Allemagne qui connaît un boom, merci Draghi ! ). En Suisse, je note qu'à Lausanne se déroule pour l'instant une véritable orgie de constructions, le paysage s'hérissant de grues à perte de vue et que l'on voit de plus en plus souvent des affichages de promoteurs pour attirer le chaland comme ci-dessous, cette pub sur ... youtube