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jeudi 11 août 2011

Bernanke et la Fed, c’est la dépression !

Les conséquences du krach qui nous attend seront pires que celles du krach de 2008

Il y a de quoi être dépressif après le communiqué du Federal Open Market Committee, mardi soir. Si vous pensiez que Bernanke n’avait rien retenu des leçons du début de la décennie lorsque son prédécesseur Greenspan maintint les taux à 1 % pendant plus d’un an semant les germes de la crise des subprimes, vous en avez eu la confirmation avec horreur .
Depuis 2009, le communiqué du FOMC à l’issue des réunions de la Fed s’était contenté de répéter que sa politique de taux exceptionnellement bas était susceptible de perdurer pour une période prolongée. Il y a quelques semaines seulement, Bernanke avait finalement cédé aux interrogations insistantes en définissant cette période prolongée : les six prochains mois. Mardi, Bernanke dans une décision qui dépasse les limites de l’entendement a annoncé que le taux des fonds fédéraux , le taux directeur de la Fed, restera proche de zéro au moins jusqu’en 2013 ! Définir si clairement l’horizon d’un éventuel relèvement des taux est un engagement qu’une banque centrale se refuse pourtant toujours de prendre. C’est en effet ouvrir la porte grande ouverte à la spéculation effrénée, à fortiori si l'horizon est si éloigné. Mais acculé au piège de la liquidité, une situation que tous les sceptiques des politiques exceptionnelles de la Fed avaient prédite (faute d’une amorce de normalisation de la politique fin 2009 quand tout allait mieux), Bernanke semble, comme d’autres banquiers centraux, prêt à tout … et n’importe quoi .
C’est sans surprise que Bernanke dut essuyer trois votes marquant un désaccord avec la décision du FOMC (qui compte 12 membres). Des dissensions qui n'ont plus été observées depuis 1992. Richard Fisher (Dallas Fed), Charles Plosser (Philadelphia Fed) et Narayana Kocherlakota (Minneapolis Fed), trois hommes sages qui se démarquent du reste d’un comité aligné derrière son président, qui aura sans doute un jour l’honneur d’être considéré comme plus désastreux encore que ses anciens boss, Greenspan et Georges Bush . Depuis l'arrivée de "Helicopter Ben " en février 2006, nous avons eu le grand krach de 2008 (exacerbé sans doute par la politique accommodante de Bernanke début 2008 qui causa l'envol des matières premières et ensuite les sauvetages improvisés de l'été 2008 destinés à venir à la rescousse du marché mais qui causèrent une ruée vers la sortie quand il fallut se rendre à l'évidence ). Depuis l'arrivée de Bernanke, les cours de l'or ont triplé reflétant la perte de crédibilité de la Fed , le dollar selon le Dollar Index a perdu 20% de sa valeur, 40% de sa valeur contre le franc suisse depuis le début de l'expérience de détente quantitative fin 2008 ! Et depuis sa détente quantitative 2, le Reuters/Jefferies Commodity Index est en hausse de plus de 15%, reflétant la hausse de matières premières comme le blé (+30%), le maïs (+70%), le sucre (+16%), hausse qui était encore plus forte il y a quelques mois.

Avec cette dernière décision prise dans le sillage d'un mini krach rappelant celui de mai 2010, Bernanke a cette fois prouvé si nécessaire que sa politique monétaire est telle un esclave, purement et simplement fonction des marchés. La préoccupation principale étant de regonfler coûte que coûte les prix des actifs, le tout déguisé sous le prétexte de réduction du chômage. On sait aujourd'hui que la détente quantitative a fait très peu pour les chômeurs mais fut une manne pour l'élite. Voici un article de Slate à ce sujet dont on ne parle malheureusement pas assez dans les médias. La politique de détente quantitative n'est pas un succès pour l'économie réelle et l'homme de la rue! www.slate.com/id/2298563

Pour les marchés elle a bien sûr fonctionné pendant un temps, en 2009 et en 2010, mais l’heure de vérité a sonné . Les investisseurs comptent sur le Bernanke PUT plus que jamais, mais Ben Bernanke est à court de munitions. Et les vrais responsables de la crise, banques centrales et gouvernements qui ont cette dernière décennie , ces trois dernières années particulièrement, fabriqué de la volatilité sur anabolisants (que même les spéculateurs professionnels finissent par ne plus apprécier) sont aujourd’hui confrontés à la réalité . Le grand retour à la normale n’a été que repoussé , et sera d’autant plus brutal et dévastateur. Les programmes de soutien exceptionnels des banques centrales depuis 2009 ont surtout eu pour effet de donner de faux espoirs et d'alimenter la spéculation. Ceci décuplera les effets du prochain krach . Car oui les gouvernements et les banques centrales sont les principales causes de la volatilité sans précédents sur les marchés d’aujourd’hui. Exemple illustratif : l’appréciation du franc suisse que la banque nationale suisse a tenté d’enrayer dès 2009 en plaçant un couvercle sur la hausse de la monnaie helvétique par des ventes massives de francs -alors que le niveau du franc face à l'euro, à 1,50, n'était nullement alarmant . Ceci créa un marché artificiel pour le franc et augmenta considérablement l’incertitude pour ceux qui cherchaient à se couvrir en vendant l'euro contre le franc. Lorsque la BNS dut se rendre à l’évidence - les interventions sur les changes fonctionnent rarement, une courte expérience chez Moore Capital n’en a pourtant pas convaincu M. Hildebrand semble-t-il- et qu’elle signala son abandon sous le coup de pertes de change massives, les spéculateurs se ruèrent sur le franc suisse. Les autres acteurs pris de panique durent faire de même. Le résultat: une volatilité extrême sur le franc suisse, et des conséquences désastreuses pour beaucoup d’acteurs économiques en Suisse. La réponse de la BNS : plus d’argent facile pour mettre les taux à zéro, vraiment à zéro cette fois. La bulle immobilière suisse peut donc grossir encore plus, et tant pis pour les paysages du Léman !
Mais qu’on ne se trompe pas , les apprentis-sorciers dans les banques centrales mettent la touche finale au travail des élus et la dépression, obsession de Bernanke, paraît difficilement évitable lorsque les marchés s'écrouleront tous en même temps dans une atmosphère apocalyptique. Pour beaucoup de gens dans le monde, la dépression est déjà là (avec de surcroit des prix à la consommation en forte hausse grâce aux banquiers centraux), les premières pages du chapitre violences ont déjà été tournées , et l'action ne se déroule plus seulement au Proche Orient et en Afrique .