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mardi 30 décembre 2014

En 2015, continuez de regarder la télé ... Pendant qu'on nous prépare la guerre


Après les guerres inutiles et désastreuses en Afghanistan et en Irak, après la crise financière de 2008, après la crise de la dette européenne, nos élites occidentales nous préparent une nouvelle crise, une nouvelle crise financière fabriquée par les banques centrales et les savants-fous keynésiens qui les pilotent et ... une crise géopolitique avec la Russie. Le point commun entre tous ces désastres c'est l'habituel mélange destructeur d'incompétence (le concept de "guerre contre le terrorisme", les fameuses armes de destruction massive que Colin Powell voyait dans les mains de Saddam Hussein, mais que Alan Greenspan n'a jamais voulu voir dans les bilans des banques, les politiques monétaires etc.) et de servilité des politiques à l'égard de groupes d'intérêts (on connaît ceux derrière les guerres du Moyen-Orient et la crise financière, dans la crise européenne, c'est principalement la servilité à l'électorat qui a empêché les réformes).



Il est plus que temps de sonner l'alerte, la monstruosité de l'UE actuelle née dans l'esprit des bureaucrates de Bruxelles nous mène de catastrophe en catastrophe 

Le grand projet de l'Union Européenne n'est décidément pas ce qu'il aurait dû être et ressemble de plus en plus à un cauchemar éveillé alors que la désunion règne toujours dans la gestion de la crise entre les membres historiques de l'Union et qu'à Bruxelles, la folie d'un élargissement maximal a jeté les graines du conflit ukrainien. Bien sûr, l'historique servilité de l'Europe à Washington, qui a dépensé des milliards pour établir un gouvernement pro-occidental en Ukraine (grâce à ce que beaucoup appellent un véritable coup d'état en 2014) ,  joue aussi un rôle dans l'escalade qui prend actuellement place entre l'Occident et la Russie. 

Il y a un peu plus d'une semaine, l'International New York Times, publiait en première page un autre article de propagande belliqueuse dont nous ont abreuvé les médias américains et occidentaux en général depuis le début du conflit ukrainien. Le Times rapportait les préparatifs de la Lituanie face à la menace russe et au grand méchant Vladimir Putin, que l'on a comparé de façon absurde à Hitler. La Lituanie fait aujourd'hui partie de l'OTAN et de l'UE comme la Lettonie et l'Estonie (sans doute beaucoup de jeunes Européens en âge de se battre n'en sont même pas conscients, tant l'Union Européenne a évolué détachée des citoyens et de son projet initial). La moindre escarmouche entre ces pays baltes et la Russie pourrait déclencher une conflagration sur tout le continent européen, or des tensions ethniques existent par exemple en Lettonie entre russophones et Lettons. De plus, comme je l'avais souligné plus tôt dans l''année, avant le krach du pétrole, la fragilité économique de la Russie, qui dépend trop du secteur des matières premières, l'expose à une période d'instabilité qui pourrait mener à de nouveaux actes belliqueux face aux ex- républiques de l'URSS.

http://buy-point.blogspot.ch/2014/05/as-ukraine-crisis-escalates-critics-of.html

Il est difficile de ne pas établir de parallèle entre le jeu d'alliances de l'OTAN, cette organisation qui date de l'époque paranoïaque de la Guerre Froide, et celui qui a causé le déclenchement de la guerre la plus absurde et la plus abominable, la Grande Guerre de 14-18, que rappelons-le, beaucoup d'historiens voient à l'origine de la guerre mondiale qui suivit 20 ans plus tard . 


La photo en page Une de l'International New York Times  (Maciek Nabrdalik)  

Et pourtant, dans l'indifférence des populations européennes, l'escalade des gouvernements occidentaux face à la Russie semble nous avancer lentement vers une bien sombre destination. Ron Paul, le héros du libertarianisme américain, qui prédit les attentats du 9/11 en 1998, et un des rares hommes politiques méritant le respect, voit dans une récente résolution du Congrès américain une déclaration de guerre à la Russie, similaire aux résolutions qui ont jalonné l'escalade avec L'Irak de Saddam Hussein.


Bipartisan bill strengthens U.S. response to Russia, provides lethal military and non-military assistance for Ukraine
www.foreign.senate.gov/press/ranking/release/senate-unanimously-passes-corker-legislation-to-support-ukraine-expand-sanctions-against-russia




L'Ukraine quant à elle a tout récemment abandonné son statut de non-aligné et pourrait tenter de rejoindre l'OTAN !  

New York Times : Europe|Ukraine Abandons Nonaligned Status



A propos quand un officiel de Washington parle "on condition of anonymity ", cela n'annonce en général  rien de bon. Peut-être pouvez-vous vous rappeler de l'usage quasi systématique de cette formule par les membres de l'administration Bush dans l'escalade de la "Guerre contre le terrorisme" et puis avec l'Irak. Il s'agit d'une façon de tester la réaction de l'opinion publique. Mais celle-ci aujourd'hui est trop absorbée par la consommation frénétique de futilités via un iPhone et par le subtil mais constant lavage de cerveau auquel elle est soumise. La propagande, on pourrait ne pas s'en rendre compte, est un phénomène qui existe aussi de notre côté , pas seulement en Russie.

 Comme toujours, les voix de la sagesse et de la vérité sont submergées par le brouhaha hystérique des faucons.   Seumas Milne du Guardian  a publié un éditorial dénonçant les desseins de l'alliance nord atlantique et exposant la folie de l'Ouest comme déclencheur du drame ukrainien, l'Ouest a renié son ancienne promesse à Moscou de ne pas étendre l'OTAN  : 

Far from keeping the peace, Nato is a threat to it
http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/sep/03/nato-peace-threat-ukraine-military-conflict?commentpage=1





"Our War"    documentaire de la BBC 

La BBC a récemment diffusé un documentaire sur les séquelles de la guerre en Afghanistan. "Our War" présente les souvenirs de jeunes soldats et leur vie après la guerre, de retour en Grande-Bretagne. Ce documentaire devrait sans doute être visionné dans toutes les écoles. On prend conscience de toute l'absurdité d'une guerre décidée par les politiciens. On y  voit un jeune de 18 ans à l'époque, paralysé à vie par un tir de ses camarades, mitraillant joyeusement d'un hélicopère Apache haut dans le ciel. On entend l'histoire de ce soldat victime coup sur coup de deux mines improvisées (IED),  d'abord alors qu'il marche dessus, puis quelques minutes plus tard alors qu'on l'emmène mutilé dans un brancard. Et que dire du sort d'un autre, qui s'était tiré dessus dans le visage lorsqu'une mine a explosé, " Dont worry we are gonnna sort you out , mate !"(Ne t'inquiète pas on va te réparer mon vieux ! )  entend-on dans la salle d'opération alors que l'homme sans visage est soigné. On apprend aussi que selon ces soldats il y avait quelque chose d'"exaltant" à mitrailler et tuer l'ennemi afghan ...
Un documentaire qui ne fera rien pour réhabiliter Tony Blair, "le criminel de guerre", dans l'opinion publique britannique. En 2003, le premier ministre travailliste envoya des milliers de jeunes d'à peine 20 ans au Moyen-Orient "pour combattre le terrorisme" en Irak (une poudrière religieuse et ethnique) et "maintenir la paix" en Afghanistan (le "Vietnam" et bourbier des Russes dans les années 80), ces jeunes souvent moins favorisés étaient recrutés dans les centres d'emploi avec des annonces comme "Become a Gunner !". A 18 ans, qui n'est pas tenté par l'idée de porter un bel uniforme et de faire joujou avec une mitrailleuse dans un désert ?





Après Saddam Hussein, après Ahmadinejad, les USA et leurs alliés voient un nouvel Hitler 


http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/sep/03/david-cameron-cynicism-comparing-vladimir-putin-adolf-hitler-ukraine


Tony Blair, 2003 : "Il faut désarmer Saddam "


Hillary Clinton, 2014 : "Il faut faire échec à Putin (le nouvel Hitler)  


David Cameron, 2014 : "Nous courons le risque de répéter l'erreur faite à Munich en 1938 !"





vendredi 7 novembre 2014

Le Capitalisme Zombie

 
Der Spiegel a publié récemment une série d'articles sur un système qui a complètement "déraillé". On y retrouve David Stockman auteur de "The Great Deformation", Mike Mayo, auteur de "Exile on Wall Street" et analyste du secteur bancaire célèbre pour ses "downgrades" qui tuent et ses prédictions d'avant la crise,  un entrepreneur suisse militant pour une hausse des impôts sur les successions, et un article sur les dernières actions de la BCE qui pourraient avoir une fois encore pas mal  d'effets délétères.

http://www.spiegel.de/international/business/capitalism-in-crisis-amid-slow-growth-and-growing-inequality-a-998598.html

jeudi 30 octobre 2014

L'assouplissement quantitatif, c'est fini. Les bourses peuvent s'effondrer

Hier soir, la Fed a mis fin comme prévu à son troisième plan de rachats d'obligations lancé en septembre 2012. Pour ne pas contrarier les marchés, cette fin programmée s'est faite progressivement en coupant le montant des achats de 10 Mds de dollars à chaque réunion mensuelle de la Fed (le fameux "tapering"qui avait donné lieu à une mini panique sur les bourses et les taux, en été 2013 lorsqu'il avait débuté). Ces opérations avaient débuté en 2009 en tant que mesure d'urgence, elles s'étaient vite muées en une mesure de soutien à la bourse et un financement indirect du déficit du gouvernement US, s'attirant nombre de critiques, notamment du côté conservateur. Après avoir rempilé en 2012 suite à de petites contrariétés sur les bourses, certains n'avaient pas hésité à qualifier de crime cette politique née dans l'esprit d'un Bernanke obsédé par l'histoire de la Grande Dépresssion. Hier le FOMC a semble-t-il tourné la page avec une dernière tranche de 15 Mds d'achats mensuels qui ne seront à l'avenir plus effectués. On peut parier que la banque centrale américaine trouvera des excuses de reprendre un tel programme si les bourses s'écrasent, mais logiquement, on doit compter sur une pause plus ou moins longue car la Fed serait ridiculisée si elle devait relancer le programme peu de temps après l'avoir stoppé.

Les traders en ont profité pour dès l'annonce se repositionner à la hausse sur le dollar alors que la Fed laissait transparaître dans son communiqué un ton un peu plus déterminé (à relever les taux), nos positions longues sur le dollar en ont donc largement profité. Entre-temps, la situation technique sur les indices de référence en Europe est tout simplement horrible, indiquant que peut-être les détracteurs de la Fed avaient raison : avec la fin du QE qui a supporté artificiellement les marchés, et créé de multiples bulles spéculatives, sans doute faut-il compter sur un krach ...


Bloomberg View : QE selon certains économistes a apporté peu de bienfaits même si les responsables de la Fed prétendent le contraire, ce qui est certain c'est que cette politique d'achats de titres pour un montant équivalent au PIB de l'Allemagne (!), fut une manne pour le secteur financier et Wall St !
http://www.bloombergview.com/quicktake/federal-reserve-quantitative-easing-tape


"I AM SORRY AMERICA" (La confession d'un responsable de la Fed au sujet du programme "planche à billets")



Graphique par Worden
Le CAC 40 est l'un des indices les plus mal-en-point




Jim Bianco sur CNBC: La Fed arrête car elle s'est rendu compte depuis un temps que ça ne marche pas ! 





Christopher Whalen de Kroll Bond Rating VS Jan Hatzius économiste de Goldman Sachs sur CNBC


Jan Hatzius : "Il est normal que la Fed se soucie de la bourse, les conditions financières dont la santé de la bourse fait partie, sont des facteurs à prendre en compte dans la politique monétaire " 



Christopher Whalen : "De mon temps, quand je travaillais à la Fed de Paul Volcker, on ne se souciait pas de ce que faisait la bourse. Avec Paul Volcker on faisait ce qu'on avait à faire, et après la bourse faisait ce qu'elle voulait ".

mardi 28 octobre 2014

L'optimisme des investisseurs imperturbé par la correction


Le dernier sondage de l'American Association of Individual Investors (22/10) confirme que les particuliers sont  restés imperturbés par la correction boursière et la menace Ebola . Je remarquais récemment dans une Update que "l'optimisme des investisseurs (AAII Survey) est resté important et a même augmenté durant la récente chute des indices US, ce n'est pas un positif. Même observation sur CNBC (mais il faut se méfier de ses impressions à ce niveau)." La semaine dernière le pourcentage de  bulls s'est envolé à 49,7% et celui des bears s'est effondré à 22,5 %, des chiffres qui s'écartent fortement de la moyenne historique.  AAII interrogeait aussi ses membres sur leur intention d'acheter et voici leur compte-rendu :"About 44% of respondents said they are either looking to buy, are more willing to buy or have bought. Another 19% said they are anticipating a bigger drop, looking for confirmation of a bottom or are sitting on the sidelines. Roughly 9% said the volatility hasn’t altered their willingness to buy stocks".

Depuis la fin de l'année passée, le niveau d'optimisme tel que mesuré par différents indicateurs, que ce soit le VIX, le sondage de l'AAII ou celui de Investors Intelligence qui sonde les auteurs de newsletters (ce dernier a montré un niveau d'optimisme plus vu depuis 1987 à plusieurs reprises cette année) est resté élevé, généralement synonyme de sommet sur les bourses. Une analyse attentive des données à long terme montre toutefois que les sommets sur les bourses se produisent lorsque une certaine tendance dans les sondages se développe, or ceci n'est pas observable encore pour l'instant.   

La bourse US a effectué un comeback fulgurant la semaine dernière, j'écrivais ainsi : "un tel comeback le même mois d'une chute aussi importante en terme de points ne s'est jamais produit ces 15 dernières années". Ce qu'on a vu est un phénomène exceptionnel, et franchement de mon avis, anormal, les amateurs de théories de conspiration ont certainement pensé au fameux PPT (Plunge Protection Team). Le Président de la Fed de ST Louis,  James Bullard a certainement joué son rôle habituel de "protection" en insinuant que les achats d'obligations pourraient continuer, ceci cette fois-ci grâce à l'excuse d'une inflation qui s'obstine à ne pas remonter vers 2 % (mais vous aviez eu cette nouvelle à l'avance si vous avez lu mon post précédent). Reuters a aussi disséminé mardi passé des rumeurs d'achats d'obligations corporate par la BCE, ce qui selon les médias était derrière le rally irréel ce jour-là . Ces rumeurs ont été démenties par des membres de la BCE, mais on peut se demander qui a planté ces rumeurs dans les médias (manipuler les marchés via les médias est un procédé vieux comme les bourses et qui certainement continue d'être exploité par les acteurs anglo-saxons les plus influents) .  

Encore une fois, cette volatilité et cette hausse insensée illustrent bien les bénéfices d'un système. De nouveaux signaux d'achat ont été observés sur les indices US, et même s'ils étaient difficiles à suivre psychologiquement, ils ont permis de rentrer dans le marché malgré, en ce qui me concerne pas mal de scepticisme quant à la durée de ce rally avec 2015 comme horizon. Il faut dire qu'entre-temps les annonces de résultats décevants continuent à tomber dans le secteur des Techs. L'optimisme des investisseurs qui peut aussi être observé de façon anecdotique n'est donc sans doute qu'un autre symptôme d'une des plus grandes bulles de tous les temps (considérant les diverses classes d'actifs affectées), créée de toutes pièces par les banques centrales.   

Plus au sujet du PPT : 

Jim Bianco à propos de la Fed : "Rien n'a changé, ils sont toujours dans le business de la manipulation des marchés " http://www.zerohedge.com/news/2014-10-15/time-plunge-protection-team-sp-red-year-10y-under-1-europe-crashing


Pour les amateurs de théories de conspirations :

mercredi 15 octobre 2014

Get Ready For a Return of the Fed's QE Circus


Federal Reserve Vice President Stanley Fischer made the headlines early this week with some comments at an IMF meeting underscoring concern the global economy is slowing, fueling speculation the timing of rate hikes will be pushed back. The yield on the US 2-year note dropped the most in more than a year on Tuesday to 0.37%, Fed Fund futures showed traders see now a reduced chance of a rate hike by September 2015 (less than 50% down from 74% on Oct 1st) according to Bloomberg. Late last year, Fischer who holds both US and Israeli citizenships, saw 2014 with optimism due to  Europe's economic revival and alleviated concerns in emerging markets. But to some observers, this weekend Stanley Fischer even opened the door for more QE.  This isn't suprising from Stanley Fischer, he is in the dovish camp at the Fed.

Widely credited in the media and the economists community for having spared Israel's economy the fallout of the 2008 crisis, the former Governor of the Bank of Israel is not without critics. He has been accused of fueling a housing bubble in Israel with an 80% jump in house prices since 2007 as mortgage debt increased in the same fashion.  Nobel Prize winning economist Robert Shiller said that Fischer "failed" at preventing a housing bubble in Israel. Under Fischer's watch from 2005 to 2013 M1 money supply rose 250% in Israel and inflation increased dramatically which along with skyrocketing rents prompted the public to take to the streets in protestation.Stanley Fischer adheres to the New Keynesian school of economics which sees recessions as the result of market failures and favors government intervention to stabilize the economy and particularly money printing as a way to resolve an economic crisis. A school of thought some have called the Keynesian disease for its widespread acceptance among policy makers despite immoral aspects and potentially dire unintended consequences down the road. 

My take : as stockmarkets threaten to collapse, and as crude oil crashes undermining the so-called "US energy boom" which was only made possible by (artificially) elevated oil prices, expect to feel very soon a sense of panic among central bankers and policy makers. By that I mean, just like when taper tantrum hit in summer 2013,  a new round of confused statements and interventions designed to assuage markets and let the world know that more QE could even be in store if the markets don't behave . There will also be much talk about the horror of falling oil prices and the associated drop in the inflation rate, and there will be calls for continued accommodation. But this time, don't be so sure it will save the day for equities .

mardi 14 octobre 2014

Anatomy of a top


Stockmarket update : Here is a chart from my email update last Friday. Looking at sectors such as energy and semiconductors, it's clear something very significant is currently taking place. The hallmark of a top is that it's very difficult to get short. We bought puts 2 weeks ago but exited the position after the first huge rally.  Usually the US lead the way but this time, US equities followed European equities on the downside. Indeed Europe gave a sell signal  two weeks ago.  Last week we had a sell signal in the US (Dow), and in all likelihood it will be confirmed this week .  



Chart provided by Worden Brothers

dimanche 12 octobre 2014

Confusion (et bientôt panique ?) au FMI

 Le FMI s'est fendu d'un nouveau communiqué cette semaine dans lequel le Fonds s'inquiète (un peu) des excès spéculatifs tout en appelant les banques centrales à ne pas retirer trop vite, voire à augmenter pour la BCE, les conditions monétaires accommodantes.  Le Fonds Monétaire International qui depuis longtemps appelle la BCE à se lancer dans l'expérience de la détente quantitative, c'est-à-dire un financement pur et simple des dépenses des états par la planche à billets,  s'inquiète maintenant du niveau excessif des marchés d'actions, conséquence directe justement des folles politiques monétaires dont le FMI s'est fait le chaud partisan !  Mais le point principal du communiqué était une révision des prévisions de croissance; au niveau mondial, celle-ci est révisée par les économistes du Fonds à 3,8% l'année prochaine au lieu de 4%. Les perspectives pour la zone euro, le Brésil, la Russie et le Japon (tiens, tiens, la détente quantitative ne devait-elle pas résoudre tous les problèmes dans l'archipel nippon ?) se déteriorent .  Le FMI s'inquiète toujours de l'inflation trop basse en Europe, il faudrait imprimer de la monnaie pour faire remonter les prix ! L'effondrement de l'euro devrait toutefois faire remonter un peu cette inflation trop faible au goût du FMI, à condition bien sûr qu'une catastrophe sur les marchés ne soit pas au rendez-vous bientôt. Le FMI cette semaine a aussi appelé au calme face à l'épidémie d'Ebola, il  faut faire preuve de prudence et ne pas être alarmiste  pour ne pas "terroriser" la planète a déclaré Christine Lagarde. C'est que après les encouragement de Mme Lagarde à M. Draghi, ce dernier n'a plus aucun moyen (légal) de combattre un ralentissement plus marqué de l'économie, la BCE  a vraiment épuisé toutes ses munitions maintenant comme les autres banques centrales. Oui Ebola est vraiment un cauchemar, pour les économistes du FMI et les banquiers centraux aussi.        

La menace Ebola derrière la chute des bourses ?

Bloomberg Businessweek sortait cette semaine avec une couverture alarmiste, en fin de compte peu argumentée dans son article traitant des opportunités ratées de juguler l'épidémie.

Voici ce que je communiquais aux clients cette semaine :    

"Les médias vont dénicher toutes de sortes de raisons pour expliquer la volatilité, mais je crois que le monde se rend compte du risque Ebola. Je pense que l'épidémie va dépasser les frontières de l'Afrique, et je m'attends à ce qu'on en parle bientôt en Europe, par ex. en Belgique (escale pour beaucoup de visiteurs africains,  le malade récemment décédé au USA et d'autres cas suspects étaient sur des avions en provenance de Bruxelles), en Suisse et ailleurs.

[A noter que jusqu'à présent, les autorités ne paraissent pas s'inquièter de la situation en Belgique ]

Selon Peter Piot le chercheur belge qui a découvert Ebola, l'Inde représente le plus gros risque de pandémie hors Afrique ( trafic de voyageurs en provenance d'Afrique). On peut tout de suite com-prendre les répercussions économiques. Ebola est le Black Swan qui pourrait crasher les marchés.  Mais il suffit aussi que quelques cas sèment la panique ici et là pour qu' il y ait un impact plus ou moins important sur les marchés et l'économie. "   

Le Général des Marines Corp John Kelly, Head of US Southern Command s'attend à voir Ebola s'étendre hors Afrique et prédit une catastrophe pour le pays si l'épidémie atteint l'Amérique centrale. Une vision très alarmiste dont il ne faut pas trop s'étonner de la part d'un cadre de l'armée, mais une chose est certaine ; la menace Ebola va continuer de planer sur le monde et les marchés pour un bout de temps, on n'a pas fini d'en parler.  


"No way to keep Ebola in West Africa "


http://video.cnbc.com/gallery/?video=3000318691







mardi 30 septembre 2014

Des nouvelles du Brésil ... et des émergents

J'ai comme l'impression que nous allons avoir des mauvaises nouvelles du Brésil bientôt ...

 Graphique par Worden 

Quant à ce qui se passe à Hong Kong, il est difficile de ne pas faire un certain parallèle avec le Printemps arabe. En tout cas, on dirait que le Hang Seng  nous dit que de mauvaises nouvelles arrivent là-bas aussi...

    Graphique par Worden 

lundi 29 septembre 2014

Michael Lewis : Goldman Secret Tapes Show "Breathtaking Wussiness" at the Fed !

 Wow So you mean the Fed and Goldman Sachs really are corrupt organizations ? !!
A Federal Reserve employee had enough of the shenanigans, and she taped her meetings with Fed supervisors and Goldman Sachs executives. And what's on the tapes is not pretty folks !

http://www.bloombergview.com/articles/2014-09-26/the-secret-goldman-sachs-tapes

http://www.thisamericanlife.org/radio-archives/episode/536/the-secret-recordings-of-carmen-segarra


Gee I bet the Fed wishes it was the SNB,  here in Switzerland that employee would probably be in jail for recording the boss' conversations.

Le divorce Gross/Pimco-Allianz choque le monde de la gestion obligataire

Après le départ de Mohamed El-Erian qui avait exposé des divergences de vues entre les deux gourous de Pimco sur fond de chute des actifs sous gestion, c'est au tour du "Bond King" de quitter le géant de la gestion obligataire qu'il a aidé à fonder au début des années 70 après un passage dans la Navy et une carrière de joueur de Blackjack à Las Vegas. Bill Gross a désormais rejoint Janus, un autre gestionnaire de fonds américain où il dit se réjouir de se consacrer uniquement à la gestion avec un fonds moins important en terme de taille. Le titre Allianz avait chuté la semaine dernière après cette annonce surprise. Janus Capital a bénéficié d'une "upgrade" aujourd'hui chez Morgan Stanley.

Bill Gross qui s'est montré critique de la Fed ces dernières années dans sa newsletter aux investisseurs commentait récemment sur CNBC la dernière réunion de la Fed : le taux de Fed funds devrait être entre 1 et 1,5% avait-il dit . ( Au cas où vous vous demandez qui c'est à gauche, c'est Amanda Drury et probablement pour beaucoup de traders la seule raison de regarder CNBC ces derniers temps)

vendredi 5 septembre 2014

From Super Mario to Super Mario -nette




Mario Draghi a surpris les marchés ce jeudi en exauçant tous les voeux des Keynésiens et des politiciens, à l'exception du rachat de dette d'Etat illégal. Il a crashé l'euro en annonçant une baisse symbolique mais inattendue du taux directeur à  0,05% . Il a annoncé que la BCE se mettra à acheter des ABS (asset-backed securities) pour soutenir le crédit à l'économie réelle (jusqu'à présent les mesures de la BCE ont surtout permis aux institutions financières de faire des profits plantureux par le carry trade , c'est-à-dire emprunter à presque zéro et placer par ex. dans de la dette périphérique, toujours le même trade qui avait mené les banques européennes au bord du gouffre).

Avec une certaine auto-satisfaction, semble-t-il, Draghi a déclaré : "Ca y est nous sommes à zéro maintenant ! "   Super Mario peut ainsi se vanter d'avoir déprécié l'euro de 7% contre le dollar en 4 mois, c'était la revendication des chefs d'industrie européens .  L'explication du pourquoi de cette décision soudaine et inattendue a par contre été confuse.  Le grand manipulateur des marchés et comme le dit justement David Stockman, des textes de loi,  a en fin de compte  simplement fait ce qu'on attendait de lui.

David Stockman explique sur son blog, Contra Corner, que j'ai découvert tout récemment, pourquoi ces mesures pourraient s'avérer parfaitement futiles (sauf pour les spéculateurs qui s'en réjouissent) :
http://davidstockmanscontracorner.com/now-we-are-at-the-lower-boundthe-dead-end-of-keynesian-central-banking/

mardi 29 juillet 2014

Perspectives 2ème semestre 2014 : rester investi, se préparer au pire


Le troisième trimestre déjà entamé, le moment est venu de faire le point sur la situation des marchés et ce qu'il faut en attendre pour le restant de l'année. Jusqu'à présent nous avons vécu dans les grandes lignes le scénario envisagé en début d'année (http://buy-point.blogspot.ch/2014/01/bourses-perspectives-2014.html ), y compris un environnement toujours difficile pour la gestion alternative en général, les hedge funds, mais en particulier les stratégies de trading http://buy-point.blogspot.ch/2014/01/markets-2014-shaping-up-to-be-difficult.html. En fait il s'agit de l'environnement le plus ennuyeux qui puisse exister, et comme communiqué plus tôt dans l'année, dans de tels marchés, le choix le plus simple est d'être modérément exposé aux marchés d'actions (exposition équilibrée) tant que la tendance haussière de fond perdure, et demeurer assez inactif quant il s'agit de paris tactiques ou paris macro sur anticipation de tendances  majeures à venir. Exposition modérée car comme nous allons le voir, il y a beaucoup de signaux de dangers, en fait on peut dire que l'on peut voir à peu près tous les signes précurseurs d'un nouveau krach, et sans doute d'une nouvelle crise, mais il n'y a pour l'instant pas de catalyseur et l'expérience, les conditions monétaires actuelles absolument exceptionnelles ainsi que certains signaux contraires, nous disent de ne pas agir avec empressement face à ces risques.

Ces derniers mois, la volatilité dans le sens des mouvements journaliers (ATR : Average True Range) et hebdomadaires est devenue extrêmement faible sur beaucoup de marchés. En même temps, on a pu observer beaucoup de brusques revirements après des tendances qui semblaient se développer. Même si pour certains participants il y a toujours des opportunités, ces conditions constituent un environnement très difficile pour profiter de mouvements à court et moyen terme. Si l'on prend l'exemple des marchés des changes, on a pu observer le calme plat sur des devises comme le yen ou le dollar australien  (vs US dollar).  La volatilité implicite sur les marchés d'actions et obligataires a aussi récemment été proche de plus bas historiques et la torpeur générale frappe également les marchés d'actions, avec quelques exceptions comme les bourses des pays du sud de l'Europe qui ont récemment souffert (suite à un nouvel épisode de panique bancaire au Portugal cette fois avec Banco Espirito Santo) et la bourse américaine qui continue sa graduelle ascension (un comportement pas tout à fait inhabituel de mai à la mi juillet, "marasme estival" peut signifier ascension lente et monotone). Il faut noter, en préambule, que de telles périodes de contraction du range se soldent presque toujours par des breakouts de volatilité, jargon de trader signifiant une explosion des cours dans un sens ou dans l'autre.    

Le climat d'insouciance n'est pas entamé


Les marchés demeurent soutenus par les politiques des banques centrales; la perspective d'un resserrement des taux de la Fed s'est rapprochée bien que la Fed de Yellen se soit évertuée à communiquer que les taux resteront à des niveaux très bas pour longtemps, et les nouvelles mesures extraordinaires discutées par la BCE ont joué leur rôle dans le climat d'insouciance généralisée. La BCE a cédé sous les pressions qui venaient de toutes parts, en particulier du FMI, pour se préparer elle aussi à se lancer dans la grande expérience de la détente quantitative. Mais en fin de compte, ces mesures sont une conséquence directe de la folle politique de la Réserve Fédérale qui  lança en septembre 2012 un troisième plan de rachats de bons du Trésor et de MBS, "pour soutenir l'économie et lutter contre le chômage" et qui s'est ensuite trouvée en 2013 en grande difficulté lorsqu'il fallait communiquer la fin de ce programme de soutien artificiel aux marchés. La banque centrale américaine peinant à normaliser sa politique monétaire, et les vues très accommodantes de Yellen ont maintenu le cours de l'euro à des niveaux plus élevés que désirés par les décideurs et l'industrie en Europe. Cet euro fort a aussi contribué à faire chuter plus encore l'inflation, ce dernier développement fournit à la BCE les raisons pour un assouplissement quantitatif. Comme au début des années 2000, la BCE est forcée de suivre la voie empruntée par la Fed avec les mêmes effets secondaires.La bulle est maintenant dans le high yield.      

Sur le graphique ci-dessous on peut clairement voir l'effet qu'ont eu les 3 périodes d'assouplissement quantitatif sur le S&P 500. La plupart des chartistes seront de l'avis que l'effet QE s'est traduit par une courbe des cours dont les mouvements n'ont rien de naturel. Et quiconque suit la bourse de près ou de loin sait intuitivement que son évolution n'a pas été normale depuis 2009. Je pense que les objectifs de la Fed avec son 3ème QE furent outre de maintenir les taux longs déprimés, d'asseoir la reprise de l'économie à long terme et de lutter contre le chômage (officiellement, la principale raison afin de légitimer cette monétisation continue de la dette de plus en plus controversée), ceci indirectement en propulsant le S&P 500 et le Dow Jones à des niveaux records, pour déclencher un cycle vertueux de confiance. Yellen a admis que faire remonter la bourse était l'un des objectifs de la Fed et depuis Greenspan sous lequel elle a servi dans les années 90, "l'effet richesse" et la bourse sont devenus des préoccupations prépondérantes au sein de la Fed (ouvrant ainsi l'ère du welfare pour l'oligarchie financière).



Graphique par Worden Brothers

Cependant ce que la Fed a surtout accompli avec QE 3, c'est enrichir les actionnaires et  certains hedge fund managers, tout en lançant cette économie de bulles vers la phase finale de l'implosion. Et renverser la vapeur est devenu très difficile (Yellen a récemment insisté sur le fait qu'elle favorisait une approche prudentielle de la gestion des excès spéculatifs plutôt que les outils de politique monétaire, de quoi s'inquiéter ). Quant à son objectif de réduire le chômage, celui-ci a en effet fortement baissé grâce surtout à la création d'emplois précaires, mais la participation à la population active a  également chuté à un niveau (62,8%) plus observé depuis la fin des années 70 indiquant que cette baisse du taux de chômage est aussi due au fait que bien des chômeurs ne cherchent plus d'emploi !





Obama :  l'objectif de la Fed est de "réduire le chômage de longue durée et le chômage des jeunes "




Les salariés ont aussi vu leur revenu stagner. Lorsque le taux de chômage-cible de la Fed fut en vue, Yellen s'est bien vite empressée de renier le niveau-clé établi par Bernanke  pour initier une normalisation des taux. Elle a déclaré vouloir faire plus pour améliorer la situation du chômage et avoir recours désormais à un large ensemble d'indicateurs, tenant compte notamment du total des sans-emplois. La réalité est que la Fed ne peut rien faire ou infiniment peu à ce stade pour venir en aide aux chômeurs de longue durée (il s'agit d'un problème que seuls les politiques peuvent régler), mais ce prétexte permet d'éviter de relever les taux tout de suite et de risquer une panique sur les marchés. 
  
La Fed est engagée dans une bataille contre les sceptiques , il lui faut continuer de soutenir les marchés à bout de bras en espérant que ce cycle vertueux de confiance à long terme qu'elle attend se mette en place avec le retour d'une croissance solide, plus d'investissement et de création d'emplois par les entreprises . Autrement dit atteindre "escape velocity", pour reprendre les termes de géophysique du Gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney . Entre parenthèses, les économistes, surtout dans le secteur public et le milieu académique, et donc les banquiers centraux, aiment penser qu'ils sont des scientifiques. Admettons une seconde qu'ils le soient, il semble que l'on pourrait faire un parallèle entre les banquiers centraux d'aujourd'hui et les scientifiques du Projet Manhattan à Los Alamos de 1942 à 1946 . Comme ces derniers, les banquiers centraux ont la conviction qu'une mission de toute première importance, à caractère historique, leur a été conférée, ils ont une cause à défendre ("le bien contre le mal"), ils voient des risques - grandement exagérés - de ne pas agir, ils ont des théories à tester grandeur nature, ils ont de l'égo et de la curiosité scientifique à revendre, ils n'ont aucune idée des conséquences à long terme de leurs folles et inéthiques expérimentations. Et derrière ces esprits de génie, pour tirer les ficelles, se trouvent des politiciens et des groupes d'intérêts. 

 Il semble que l'on pourrait faire un parallèle entre les banquiers centraux d'aujourd'hui et les scientifiques du Projet Manhattan à Los Alamos de 1942 à 1946 . Comme ces derniers, ils ont la conviction qu' une mission de toute première importance, à caractère historique, leur a été conférée, ils ont une cause à défendre ("le bien contre le mal"), ils voient des risques - grandement exagérés - de ne pas agir, ils ont des théories à tester grandeur nature, ils ont de l'égo et de la curiosité scientifique à revendre, ils n'ont aucune idée des conséquences à long terme de leurs folles et inéthiques expérimentations. Et derrière ces esprits de génie, pour tirer les ficelles, se trouvent des politiciens et des groupes d'intérêts. 

La prochaine catastrophe


Entre-temps, les signes que les marchés sont à la merci de nouvelles dislocations suite à des années d'excès encouragés par les taux à zéro et les planches à billets, abondent .

- Sur la bourse, un certain nombre de high flyers montrent des signes que leur gigantesque hausse ces dernières années pourrait se terminer abruptement. De plus, beaucoup de leaders, ces actions momentum, des 18 mois passés, ont aussi sous-performé et ce n'est pas un bon signe. 


Graphique par Worden Brothers
- Le VIX est tombé à un plus bas sur plusieurs années le mois passé. Cette mesure de la volatilité implicite des options (et donc de la peur) sur le S&P 500 fit la même chose début 2007.



Graphique par Worden Brothers

- Au niveau des indicateurs de sentiment, les récentes données du sondage de Investors Intelligence (opinion des auteurs-gourous de newsletters) montrent que les gourous sont les plus optimistes depuis … 1987 ! Contrairement à ce que l'on entend constamment sur les chaînes financières, l'investisseur particulier n'est pas resté inactif durant le rally de ces deux dernières années, il est revenu en bourse comme mon expérience anecdotique l'indique aussi (voir message du mois de mai).  Les chiffres des courtiers en ligne américains montrent un record historique de transactions journalières, les petits investisseurs chez TD Ameritrade, Schwab et Etrade, font désormais 1 million de transactions par jour !  Une récente étude de BofA ML indique aussi que le niveau d'exposition à la bourse des HNWI (particuliers les plus riches) est à un plus haut de 6 ans. Fin juin, la moyenne mobile à 10 jours (MM10)du ratio de Put/Call (equity only) du CBOE est passée sous 0.50 . Elle a fortement remonté depuis, mais une MM de P/C qui est en tendance haussière signale danger en vue.        

- La part de liquidités détenue par les fonds de placements aux USA est proche de plus bas records .

- La part d'IPO (introductions en bourse) qui n'ont aucun bénéfice au compte de résultat est proche du niveau atteint en l'an 2000 !   

- La capitalisation boursière des actions américaines rapportée au PIB, à 1,27 fois le PIB, excède le niveau de 2007 (1,15).




- Le ratio fortune/revenu des ménages US (5,6 ) est proche du niveau de 2006, et bien plus haut qu'en l'an 2000. 

- Le niveau des profits des entreprises rapporté au PIB est à un record .

-Le niveau d'endettement des entreprises à 4% rapporté au PIB est proche du record historique comme en 1999 et comme en 2007. Selon Andrew Lapthorne de SocGen, la dette totale (nette) des entreprises US a atteint le record de 2 300 milliards de dollars (et en hausse de 14% sur un an). Les analystes nous disent que les entreprises du S&P 500 par exemple, sont gorgées de liquidités mais lorsqu'on retire les Microsoft, Cisco, Apple et Google des calculs, leur position est bien moins solide.  Les liquidités chez beaucoup d'entreprises américaines  sont conservées à l'étranger pour éviter la taxation lors du  rapatriement. Apple en particulier est une championne dans le domaine, et comme Google et Amazon une des entreprises les moins fiscalement éthiques. Les actionnaires demandant un retour de ce cash, les entreprises ont eu tendance à emprunter pour distribuer des dividendes et racheter leurs actions pour booster le BPA. Ainsi selon S&P, entre 2011 et 2014, dans  l'ensemble des 1700 entreprises notées par S&P,  pour chaque dollar supplémentaire de liquidités, la dette a augmenté de $3.67. Selon S&P, sans l'accès à la dette ultra bon marché de ces dernières années, les actionnaires n'auraient pu obtenir les rentabilités que l'on a connues. 

Car ce phénomène est l'autre facteur de soutien artificiel à la bourse de ces dernières années, en effet, la croissance des bénéfices - ils ont doublé aux USA depuis le creux de 2009 -  a été très tributaire de ces rachats d'actions, alors que la croissance des ventes a été bien plus faible –surtout depuis 2012 - et plutôt décevante. Un exemple frappant  c'est IBM dont les ventes ont essentiellement stagné depuis plusieurs années mais qui a gonflé son BPA par de faramineux programmes de rachats d'actions. Malgré cela, et un modèle d'affaires qui n'est plus très prometteur, l'action IBM a augmenté de près de 50% depuis 2010 (et son sommet précédent de 1999), l'action est proche de plus hauts historiques.  Le niveau des rachats d'actions sur les bourses américaines est au niveau atteint en 2007, juste avant le krach.


- L'orgie de dette bon marché a conduit à une bulle dans le segment des obligations high yield. Deux mille milliards de dollars, c'est la valeur de la dette high yield telle que représentée par le BofA ML Global High Yield Index, celle-ci a doublé en seulement 4 ans, alors qu'il fallut 12 ans pour atteindre 1000 milliards d'émissions depuis la création de l'indice en 1997. Les "no covenant loans" fréquents en 2006-2007 ont fait leur grand retour. Les taux étant artificiellement déprimés, pour obtenir un rendement satisfaisant,  les investisseurs sont poussés à prêter à n'importe quel état, n'importe quelle entreprise , sans conditions particulières, même aux plus douteux d'entre eux : la Grèce et ses entreprises, l'Equateur (qui fit défaut il y a quelques années), des entreprises comme Clear Channel Communications dont le rating indique un très probable défaut …  Les rendements des obligations des PIIGS, à des sommets début 2012, sont aujourd'hui à des niveaux anormalement bas. Les paroles de Draghi ont peut-être sauvé certains états de l'étau des intérêts et d'une sortie catastrophique de l'euro, mais elles ont aussi conduit à un climat d'insouciance chez les politiciens de l'UE (les réformes se font attendre) et à une répression financière en bonne et due forme. 




La conviction que les politiques monétaires de taux bas "pour longtemps" sauveront les pires émetteurs du défaut est derrière la ruée sur le high yield. Mais les experts du high yield le reconnaissent : quand le tournant se produira, il faut s'attendre à une catastrophe. Les banques qui sont les teneurs de marché ont, pour réduire leur risque, réduit leurs stocks de titres et leur capacité d'absorption, les ETF ont joué un rôle de plus en plus important sur ce marché. A qui les investisseurs revendront-ils lors de la prochaine panique ? Il n'y aura aucune liquidité.      

 -Le marché de l'art est à nouveau en plein boom et les prix atteints aux enchères défient toujours plus la raison. L'action de Sotheby's était en début d'année proche d'un cours record, comme dans les mois qui précédèrent les krachs du passé.  

- L'immobilier aux USA et en Grande-Bretagne a été à nouveau en proie à une bulle spéculative. Mais récemment, les perspectives (ventes notamment) se sont dégradées aux Etats-Unis. En France et en Belgique comme dans d'autres pays d'Europe touchés par le phénomène, la bulle semble avoir passé le stade terminal. Mon avis était que le rebond aux USA était artificiel et temporaire, un sursaut naturel après le grand krach qui fut boosté par la politique de la Fed (rachats de MBS) et les investissement spéculatifs du private equity (qui ont exclu du marché beaucoup de primo-accédants tout en conduisant à une forte hausse des loyers notamment pour les plus démunis). Robert Shiller co-créateur du Case-Shiller Index pense aussi que l'immobilier US est à nouveau une bulle spéculative … 


- Les rangs des bears à long terme ne font que grossir, avec des personnalités dont le jugement n'a pas souvent été pris en défaut historiquement, Robert Shiller, Jeremy Grantham . Les plus respectés des pessimistes notoires, ont vu, ces deux dernières années, la bourse défier les lois de la gravitation et leurs prédictions s'avérer incorrectes, mais on est toujours trop précoce en anticipant un krach. Les trimestres en hausse se suivent et se ressemblent, mais les bears ne font que s'approcher du jour de leur revanche…    
  
En ce qui concerne les valorisations, le CAPE de Shiller (26, médiane :16) n'a été que trois fois auparavant plus élevé : en 1929, en 2000 et en 2007. Le ratio Q de Tobin ( capitalisation vs coût de remplacement), supérieur à 1 et très supérieur à 2007 , indique aussi un marché en territoire de surévaluation.  Le PE du S&P (TTM = 12 mois passé) est à 18.5, et 15.24 (à un an) sur base des résultats d'exploitation. Cette mesure standard de valorisation basée sur les chiffres plus favorables d'exploitation, continue elle aussi de grimper lentement. Nous sommes aujourd'hui à des niveaux égaux ou légèrement supérieurs par rapport à 2007 pour le PE forward des S&P 500, S&P 400 (Mid Caps) et S&P 600 (Small Caps).  


A quoi s'attendre pour le restant de l'année ?


Les économistes et analystes s'attendent à un regain de croissance tant pour l'économie que pour les bénéfices en deuxième partie d'année. Aux Etats-Unis, la croissance en baisse de 2,9% au 1er trimestre, officiellement pour cause de mauvaise météo hivernale, devrait rebondir ce trimestre passé pour donner une croissance à peu près nulle en première moitié d'année (chiffres attendus ce mercredi à un consensus de 3,1%) . Pour l'année, la croissance est attendue à 2%. La croissance des profits du S&P 500 est estimée supérieure à 6% pour le second trimestre (si l'on exclut les résultats de Citigroup impactés par le paiement de dommages). La croissance des ventes est prévue aux alentours de 3%. Cette semaine sera encore chargée en résultats, après quoi 60% des entreprises du S&P auront présenté leurs chiffres. Jusqu'à présent, les résultats ont été supérieurs aux attentes en général (68% beats vs moyenne long terme de 63%, évidemment les entreprises battent les estimations le plus souvent, car, on le sait, ces dernières sont "gérées" pour créer de bonnes plutôt que de mauvaises surprises). 

En Europe, la croissance reste anémique (0,2% pour la zone euro au trim. 1 ), l'Allemagne étant le principal contributeur, la France sans croissance significative, l'Italie,le Portugal et même les Pays-Bas, se contractant au premier trimestre. Sans surprise, la croissance des bénéfices a aussi été anémique au premier trimestre mais devrait rebondir ce trimestre ( +12% en var. sur 12 mois) et pour l'année entière à + 7%. A noter que la croissance des ventes est aussi nulle (-1% comme trim 1).  Le PE (à un an) du Stoxx 600 s'établit à 14.3 (chiffres Thomson Reuters). Les chiffres récents de l'économie ont toutefois été décevants, les indicateurs du climat des affaires s'étant déteriorés, la production industrielle aussi. 

Il nous semble que les attentes des investisseurs qui tablent sur un fort rebond de l'économie et des bénéfices en deuxième partie de l'année pourraient en cas de déception constituer le contexte fondamental  venant s'adosser au contexte technique que nous avons pu, ces dernières semaines, observer.  Le scénario que nous avons privilégié depuis quelques mois est en effet celui d'une année à peu près inchangée ou médiocre sur la plupart des marchés développés. Ceci est en accord avec le cycle présidentiel (médiocre année de mi-mandat) Et le krach ? Celui-ci est une quasi-certitude aujourd'hui, on ne pourra plus dire que l'on n'a pas été prévenu, que ces évènements sont imprévisibles et impossibles à anticiper, même les acteurs du secteur financier généralement rassurants, deviennent de plus en plus cyniques à ce sujet. Presque tout le monde le reconnaît, nous sommes depuis 5 ans dans un grand jeu de chaises musicales. Il faut jouer au jeu des banquiers centraux, mais aurez-vous une chaise quand la musique de Janet Yellen stoppera ?  Les seules questions sont : quand le krach va-t-il se produire, et quelle sera l'ampleur de la chute ? 25%, 30%, 40% ?  Plus longtemps se poursuit l'ascension actuelle à New York, plus dure sera la chute. La Fed devrait sans doute normaliser sa politique au plus vite, sans s'inquiéter d'un krach et peut-être aurions nous alors une chute de 20-30% qui sera vite oubliée après quelques années. Mais si l'on étudie la carrière et les idées de Janet Yellen, on se rendra compte qu'un tel scénario est peu probable. Le scénario d'une Fed ne normalisant pas sa politique, et celui d'une catastrophe, nous semble plus probable.     
   

It's time for market timing 

Un système très simple de market timing pourrait consister à commencer à acheter quelques mois après que la Fed ait commencé à baisser agressivement le taux des Fed funds, et à commencer à vendre quelques mois après qu'elle commence à remonter son taux directeur, particulièrement si le taux de Fed funds remonte rapidement et si la courbe des taux commence à s'inverser (ex. : 1987, 2000). Historiquement, la validité d'un tel système a été démontrée. Selon un tel système et selon ce que la Présidente de la Fed nous dit, il faudrait commencer à vendre en 2015 et l'année prochaine pourrait être l'année du krach. La plupart des krachs sont en effet causés par la Réserve Fédérale lorsqu'elle se met à remonter ses taux (maintenant vous connaissez l'essentiel des crises économiques; la Fed sème les graines des crises en encourageant la spéculation, puis fournit généralement l'élément déclencheur quand elle est forcée de rehausser les Fed funds) .

Cependant, des facteurs cycliques travaillent à l'encontre de ce scénario d'un krach en 2015. L'année prochaine sera une année précédant une élection présidentielle, c'est la meilleure année du cycle. C'est aussi une année terminant par 5, et depuis 130 ans aucune année se terminant par 5 n'a été en baisse ! Le krach pourrait-il se produire cette année ?
Certains commentateurs ont averti que 2014 pourrait se terminer par un krach comme celui de 1987. Le krach lorsqu'il se  produira sera sans doute en effet comme celui de 1987, il se produira tellement vite que le monde entier sera stupéfié, sous le choc, alors que beaucoup, même les bears, auront relâché leur attention. Seuls les investisseurs ayant la discipline de suivre un système technique pourront peut-être y échapper.  Si le krach devait se produire cette année, pour que celui-ci ait à coup sûr des conséquences à long terme et ne soit pas juste une très effrayante correction des cours, il faudrait qu'il anéantisse les gains de 2013. Je pense que ce scénario est peu probable, et signifierait alors que de terribles évènements se produiront dans les mois qui viennent.  

En conclusion, les investisseurs et les épargnants  ont énormément de raisons de s'inquiéter mais le grand jeu de chaises musicales continue, et à condition d'avoir 5 ans ou plus devant soi avant la retraite,  à condition d'être préparé, à condition d'avoir intégré dans son approche d'investissement un système de market timing, nous recommandons de demeurer investi de manière significative en actions, tout en étant bien sûr diversifié dans d'autres classes d'actifs. Car il y a aussi quelques  éléments nous indiquant que peut-être le krach ou méga krach tant attendu, pourrait se faire attendre encore longtemps.

Par exemple, la vigueur récente des bourses des pays émergents, est en forte contradiction avec le scénario d'une crise et krach dans les prochains mois. Le Shanghai Composite Index a même explosé à la hausse ces derniers jours, alors qu'une consolidation des cours, signe d'un retournement potentiel, commençait à attirer notre attention (nous venons en fait d'initier une position). De même, plusieurs indices en Europe sont dans une consolidation sur les graphiques mensuels, indiquant à l'analyste technique qu'une continuation de l'avancée de l'année passée, soit cette année encore ou en 2015,  doit être sérieusement envisagée. Et les actions momentum qui ont sous-performé pendant un temps ont ces derniers jours repris du poil de la bête (ex. Facebook récemment ajouté aux portefeuilles plus agressifs). Même l'action Twitter, récemment tombée au fond des oubliettes, est ce mardi soir en très forte hausse après ses résultats !  Il faudra voir si ces signes de vigueur du marché se confirment à court terme. Cette semaine sera l'une des plus chargées de l'été en terme de nouvelles économiques, réunion de la Fed et chiffres du PIB américain ce mercredi, chiffres du chômage vendredi. Avec la fin du mois, ceci crée le potentiel  pour une poussée de volatilité.  




  Graphique par Worden Brothers
  Shanghai Index : La consolidation avant le breakout 



Je réitère donc le constat fait au début de l'année pour justifier une exposition significative à la bourse, nous vivons une époque extraordinaire, une ère de folie des banques centrales, une ère de folie tout court. Presque tout est possible dans cet environnement avant le prochain grand krach, y compris le scénario que j'appellerai "hyperinflation des actifs" qui sera bien sûr accompagné d'inflation au niveau des prix à la consommation. Les inquiétudes quant à l'inflation sont d'ailleurs à nouveau une préoccupation des investisseurs. Il semble en effet que la Fed de Yellen n'anticipera pas suffisamment tôt la remontée de l'inflation. Les tensions géopolitiques deviennent aussi de plus en plus effrayantes (Ukraine/Russie, Chine/Japon, Moyen-Orient). Celles-ci se sont développées dans un climat économique bénin et il faut se demander où nous en serons en cas de nouvelle crise . Des guerres majeures deviennent de plus en plus probables dans les 10 prochaines années, ceci alors que le monde se remémore l'entrée en guerre des nations en 1914. L' abomination la plus insensée du genre humain dont nous vivons encore les conséquences aujourd'hui , car en quelque sorte nos problèmes actuels ont aussi trait à l'abandon de l'étalon or qui permit non seulement 14-18 et les guerres qui ont suivi mais toutes les  dépenses publiques incontrôlées. Peut-être les investisseurs et les épargnants doivent-ils non seulement se préparer à un krach, mais aussi se mettre à prier !