Rechercher dans ce blog

mercredi 20 mai 2015

Kerviel vs Société Générale : le procès était bel et bien une parodie de justice

Nouvelles révélations dans la vieille affaire Kerviel . Depuis le début, l'enquête et le procès sentaient le "cover-up" à plein nez, mais maintenant la responsable de l'enquête admet qu'elle fut parachutée sur cette enquête sans aucune connaissance du fonctionnement des marchés, que la Société Générale l'a manipulée et qu'aujourd'hui, rongée par les remords,  elle est convaincue que le management à SG savait ce que son trader faisait !

Le Figaro :

Retour sur l'interview vérité de Kerviel, le petit jeune qui voulait épater son employeur :

Ashraf Laidi : l'incompétence de la BCE à nouveau génératrice de volatilité

Benoìt Coeuré au centre de la dernière action controversée de la banque centrale

Si vous suivez le marché des changes, si vous êtes un trader, probablement vous lisez de temps à autre Ashraf Laidi, le Chief Global Strategist chez City Index. Un (trader) technicien se soucie peu du contenu  des nouvelles, seule compte l'action des prix, mais si en fin de journée, après un mouvement important des cours, vous avez manqué un développement de l'actualité FX, Ashraf Laidi n'a pas son pareil pour expliquer ce qui s'est passé durant la session. Comme vous le savez, notre position a été acheteuse sur EUR/USD depuis la mi-avril (voir message plus bas).  Et bien qu'ayant appris à ne pas être surpris par les mouvements contraires, la chute violente de l'euro à l'ouverture de Francfort n'était pas une bonne façon de commencer la journée.  Ce trou d'air sur l'euro ce mardi, c'était Coeuré,  membre du directoire de la Banque centrale européenne, qui nous a gratifié encore une fois d'une petite manipulation verbale des cours. Coeuré pour rappel fait partie des imprimeurs de monnaie les plus zélés à la BCE, c'est l'un des architectes (il est français) de cette gigantesque opération d'assouplissement quantitatif ( 1000 Mds) lancée au début de l'année, et qui a propulsé les marchés dans une folle et terminale spirale spéculative.  Alors que la situation grecque menace de jeter les marchés dans l'affolement, voilà que M. Coeuré nous annonce que aah la BCE va augmenter un peu ses achats de titres pour parer au manque de liquidités plus tard cet été !

Ecoeuré

Ce que je ne savais pas c'est que M. Coeuré  ancien directeur de l'Agence France Trésor, avait la veille donnné un tuyau à des gérants de hedge funds lors d'un dîner exclusif à Londres .  Ces spéculateurs se sont régalés, ceux qui étaient présents au dîner ont dû engranger suffisamment de profits pour faire leur performance du mois, ou du trimestre. Car oui, comme l'explique l'article plus bas quelqu'un a bien traité sur base de l'information privilégiée offerte par M. Coeuré ! Une honte. Enfin que dire... la BCE est à l'image de toutes les autres institutions européennes .

Le Wall Street Journal a les détails de l'affaire :
Benoît Coeuré Gives Diners Sneak Peek at ECB Move

Mark Gilbert de Bloomberg View
http://www.bloombergview.com/articles/2015-05-19/when-central-bankers-whisper-secrets




dimanche 17 mai 2015

Suisse : Toujours aucune protection pour les employés honnêtes qui dénoncent les pratiques de leur entreprise

On les appelle les "lanceurs d'alerte" en français, une traduction du terme américain "whistleblowers" c'est-à-dire littéralement ceux qui font retentir le sifflet. Le terme est américain car la justice n'est pas un vain mot outre-atlantique . Le système judiciaire états-unien, ses lois protégeant salariés et consommateurs dont le monde entier finit par s'inspirer, permettent justement à n'importe quel employé d'avertir sa direction et les autorités en cas de pratiques frauduleuses et de saisir les tribunaux pour demander réparation en dommages et intérêts en cas de licenciement en relation avec cette alerte ou dénonciation. La simple menace de procédures judiciaires et de "dommages punitifs", (un concept propre au droit US) permet ainsi de décourager les pratiques malhonnêtes, un système qui fonctionne aux USA.

Depuis les années 2000 et les divers scandales qui ont émaillé l'actualité des entreprises, l'idée de faciliter la tâche des employés honnêtes qui ont des problèmes internes graves à révéler a fait petit à petit son chemin en Europe. Il en est de même en Suisse où la culture du consensus - et du secret - est bien ancrée dans la vie sociale et économique. Les "lanceurs d'alerte" peuvent être considérés comme des employés aigris et c'est sans doute régulièrement le cas, mais peu importe si leur mécontentement agit comme déclencheur, un employé qui a trop à perdre ne parle pas et c'est bien l'objet de ces projets de loi à l'étude. Leur permettre de parler sans crainte.

Les temps changent

Longtemps au pays de l'argent-roi, les milieux d'affaires et la droite,  considérant que les entreprises se passeraient bien de déballages médiatiques, les voyaient au pire comme des délateurs, au mieux comme des esprits trop critiques et peu constructifs, des empêcheurs de tourner en rond. Même la presse helvétique a parfois repris ces caractérisations alors que le débat prenait forme, et certains lanceurs d'alerte n'ont de mémoire pas eu bonne presse, c'est le moins qu'on puisse dire . On se rappelle de Christoph Meili qui dénonça les secrets d'UBS dans l'affaire des fonds en déshérence.

 Une justice à deux vitesses 

En Suisse, dans ce genre d'affaire, les dénonciateurs ont généralement été condamnés, le plus souvent pour diffamation. Si ce n'est pour être blanchis en second lieu, dans le meilleur des cas. Les dysfonctionnements notoires de la justice en Suisse aggravent le problème. Dans les affaires de diffamation, les juges qui sont aussi nommés suivant leur appartenance politique, disposent d'une grande marge d'interprétation, si bien qu'une justice à deux vitesses existe: selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. On se souvient du cas d'un consultant informatique dénonçant des impropriétés et des négligences dans l'attribution d'un marché pour le développement d'un logiciel à l'administration vaudoise. Le logiciel avait coûté des millions en pure perte. Le consultant fut condamné à une amende extrêmement lourde, malgré le principe de bonne foi censé exonérer l'auteur de propos diffamatoires .
http://www.24heures.ch/vaud-regions/deballage-justice-echec-logiciel-scolaire/story/11555484?dossier_id=1205

Si les mentalités changent sous la pression du public notamment, la loi elle prend son temps pour évoluer. Le projet est à l'étude depuis des années. Soutenu par la gauche évidemment, il a été bloqué par l'UDC, le premier parti de Suisse, qui le voit comme superflu, un fardeau supplémentaire sur le dos des entreprises.
Les employés honnêtes devront donc attendre encore quelques années semble-t-il pour avoir l'espoir d'être à l'abri de représailles. Et quoiqu'il en soit, nous serons bien loin du système américain. Le Code des obligations suisse stipule que les employés ont "l'obligation de fidélité à leur employeur" . Selon Le Matin  aux dernières nouvelles, la loi ne protégerait les employés que si ceux-ci ont effectué toutes les démarches pour corriger le problème auprès de leur employeur d'abord. Et le projet de loi actuellement à l'étude prévoit que l'employé ne pourra ensuite s'adresser au public sans violer son obligation de fidélité que si l'autorité ne l'informe pas des suites données à son intervention dans un délai de 14 jours.

Quelques liens :

http://egalitedescitoyens.blog.tdg.ch/archive/2015/05/05/suisse-loi-pour-la-protection-des-lanceurs-d-alerte-de-2003-266951.html

http://www.lematin.ch/suisse/Le-National-sensible-a-la-protection-des--lanceurs-d-alerte/story/19917030

Il faut s’accrocher pour devenir lanceur d’alerte