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jeudi 3 avril 2014

Draghi : "nous avons discuté d'un assouplissement quantitatif"

Le maître ès manipulation des marchés à la tête de la BCE, a osé. Lors de la réunion aujourd'hui de la Banque centrale européenne, les banquiers centraux ont discuté de l'opportunité de la détente quantitative. Les banquiers centraux européens - et les politiciens qui tentent constamment d'influer sur la politique monétaire - sont sans doute les seuls au monde à pouvoir se vanter à la télévision de discuter ouvertement de quelque chose d'illégal. Le rachat de titres de dette d'état est en effet interdit à la BCE de par sa charte fondatrice. Jusqu'à présent, la seule raison pour laquelle cette partie de la charte n'a pas été jetée aux orties un peu comme le furent les critères de convergence du traité de Maastricht, c'est parce que les Allemands ont offert un solide rempart contre les velléités  d'économistes apprentis sorciers et de beaucoup de politiciens d' autres pays de l'UE.

Le financement du budget des états par la BCE lui est interdit

Avec la hausse de l'euro et une inflation assez basse, les rumeurs allaient bon train depuis quelque temps sur l'existence de plans pour un QE made in Frankfurt. Et aujourd'hui c'est plus le marché et ses attentes qui dictent aux banques centrales leur politique que les banquiers centraux qui suivent une ligne d'action bien déterminée. Ainsi quand tout va bien M. Draghi prend des accents allemands, répétant à qui veut l'entendre qu'un peu de désinflation, ce n'est pas si mal, une certaine baisse des prix étant même nécessaire dans la périphérie. Mais lorsque l'euro s'envole et que les politiciens à gauche et à droite, le FMI, se lamentent au sujet d'une BCE pas assez proactive, M. Draghi redevient italien. Même s'il admet que la baisse de l'inflation depuis le haut point de 2011 à 2,7% est due à hauteur de 70% aux prix de l'énergie et de l'alimentation (et que donc il n'y a pas de raison de s'en inquiéter) il a parlé d'inflation trop basse qui pourrait perdurer et donc de fardeau de la dette trop lourd (ndlr pour les imprudents, y compris les états, qui se sont endettés lourdement avant et durant la crise), d'ajustement trop difficile pour les pays dont la compétitivité pose problème. Face aux traders de FX, il a cette fois roulé des mécaniques avec les mots QE, taux d'intérêt négatifs, outils non-conventionnels (LTRO etc.)... Il a signalé qu'il était prêt à tout. Mais surtout  au QE. Oubliée la charte de la BCE ... Sur ce , EUR/USD a sans surprise chuté .

Il viendra un temps où cette habile manipulation qui a jusqu'à présent fonctionné à merveille, consacrant Draghi comme un brillant banquier central, cessera de jouer sa magie sur les marchés. Quoiqu'il en soit, le marché semble le vouloir, l'attendre, il semble que de plus en plus on s'achemine vers ce vice des républiques bananières qu'est la monétisation de la dette. Ceci expliquerait aussi en partie l'engouement actuel pour les actions européennes, avec une rotation globale vers l'Europe, les investisseurs et spéculateurs anglo-saxons pariant à la fois sur une modération durable du risque souverain et sur les effets dopant pour les actions de la planche à billets.

Pour comprendre comment les institutions européennes vont violer la loi via la Cour européenne de justice, cet article de zerohedge a les détails :  

http://www.zerohedge.com/news/2014-02-07/german-top-court-finds-ecbs-omt-illegal-then-promptly-washes-its-hands-final-decisio