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dimanche 13 octobre 2013

Le bling bling : il n'y en a jamais eu autant !


S'il y a bien une regrettable conséquence des politiques monétaires actuelles, c'est de mon avis personnel, la grande vague déferlante du bling bling  ! Il n'est plus possible d'y échapper. En matière d'automobile, par exemple, le bling bling est devenu omniprésent dans les habitacles.  Comme Marc Faber l'a fait remarquer à plusieurs reprises. il y a beaucoup trop de Maseratis et Ferraris devant les portes des hôtels. Et ce n'est pas bon signe pour les investisseurs en bourse ...(à propos, je vois aussi beaucoup de pubs en ligne pour des Maseratis ... ). Si je partage cette opinion, je crois que l'ère bling bling (et la hausse des bourses) pourrait durer plus longtemps qu'on ne le pense, reflétant les planches à billets qu'on ne veut ni ralentir ni stopper et qui profitent essentiellement à l'élite financière.

Le bling bling a aussi envahi la presse, particulièrement financière. En 2006, l'apparition et le succès d'une série d'émissions de CNBC comme Fast Money prodiguant des conseils de pros aux wannabe traders pouvait être vue comme le signe d'une hausse en fin de course. En sera-t-il de même avec cette nouvelle obsession des médias financiers à propos de l'ultra luxe des super riches? Bloomberg.com semble avoir désormais un espace dédié au sujet sur la page d'accueil. Désolé, Bloomberg, ce n'est pas un plus. Visez les récents articles qui requièrent votre attention !


                                      L'hérésie : un SUV Bentley !


                                        

vendredi 11 octobre 2013

Les coûts des placements en Suisse : très élevés et malgré la réglementation souvent encore peu transparents dans les faits


Comme un article de Bloomberg sur l'offre de fonds en Grande-Bretagne le déplorait *, les frais associés aux produits financiers sont très élevés en Europe en comparaison avec les Etats-Unis. Bloomberg en veut pour preuve une étude  Mutual Fund Fees Around the World dans Review of Financial Studies , 2009)    montrant que les frais globaux annuels des fonds actions (y compris frais d'entrée/sortie) en Grande- Bretagne  s'établissent en moyenne à 2,28%, 1,88% en France, 1,76% en Belgique, et 2,03% en Suisse. Aux Etats-Unis la moyenne est de 1,53%, la moyenne pour l'ensemble des pays étudiés est 1,8%. Mais les frais sont encore plus élevés lorsque l'on considère non pas le domicile du fonds mais l'ensemble des fonds offerts à la vente dans chaque pays, ils dépassent alors allègrement les 2% partout en Europe (2,40% en Suisse)  !

Citation de l'article :
" The difference in fees means $10,000 invested in a U.S. fund growing at 5 percent a year would return $14,745 after 10 years, 12 percent more than the $13,167 returned by a U.K. fund growing at the same rate. The difference grows to 25 percent after 20 years and 40 percent after 30 years."

Les épargnants européens paient beaucoup de frais cachés ce qui complique aussi énormément leur choix . Les frais beaucoup moins transparents font qu 'il n'existe aucune incitation chez les gestionnaires à les baisser. En Suisse, les choses ne sont pas différentes en matière de transparence, en fait elles sont pires , en particulier dans le domaine des produits d 'assurance-vie. Au contraire des produits vie vendus en France ou en Belgique,  les frais d'acquisition des assurances-vie vendues en Suisse sont cachés, et ils sont très élevés, alors qu'en France les frais d'entrée (leur équivalent, soit les frais récurrents payés à chaque versement de prime), lorsqu'ils existent, dépassent rarement 5%.  Dans la banque, les frais pour le conseil ont été aussi historiquement plus élevés du fait que la clientèle offshore n'y prêtait que peu d'attention, le secret bancaire étant pour ces clients l’attrait principal de la place suisse.  Tous produits confondus, il est fréquent que les notices d'information sur les frais soient rendues difficiles d'accès, qu'on les cherche sur les sites web des institutions financières ou qu'on se rende dans une succursale.  L’exemple qui me vient à l'esprit est celui d’un produit d’épargne, offert par un assureur, que j’ai récemment examiné. Si l'on veut consulter l'information sur les frais, seuls les frais "administratifs" modiques et les frais d'entrée sont mentionnés sur la fiche produit. La fiche renvoie le client à la société de gestion de fonds pour plus d'information sur les frais de gestion du fonds (le plus important), le gestionnaire de fonds, lui, renvoie à un site tiers (fundinfo.com) pour le KIID (Key Investor Information Document), où la fiche en question est introuvable ! Même constat chez une grande banque suisse pour ses fonds d'allocation, les documents sont restés introuvables sur le site de la banque. Un particulier en général ne cherche pas (pas longtemps) ce genre d'information. Après quelques minutes de recherches vaines, il décidera sans doute de s'en remettre à son conseiller. Conseiller qui peut-être chez cette grande banque prétendra, comme l'exemple vécu raconté dans "Comprendre la finance et vos placements : Tout ce qu'on vous cache sur votre épargne"  qu' il n'y a pas de frais ! Enfin  "pas de frais qui vous seront facturés directement …"  . Peut-être vous faudra-il même expliquer au dit conseiller qu'il n' existe pas de placements sans frais (Dans l'exemple que je donnais, les frais pour cette formule de fonds d'allocation dépassaient 3%).
   

Les auteurs de l'étude Mutual Fund Fees Around the World tentent de trouver par l'analyse des statistiques et de différentes variables, des facteurs expliquant les coûts élevés mais ne trouvent pas de relations convaincantes en dehors du fait que les pays dont la réglementation est plus développée comme les USA offrent des fonds aux frais moins élevés (pourtant les frais restent élevés aussi en GB où la législation est très avancée). En Europe, l'enregistrement d'un fonds dans plusieurs pays mène aussi, passé un seuil de 3 pays, à des frais plus élevés, concluent-ils .   

Si l'on me demandait d'avancer une explication, je dirais qu'il y a plusieurs raisons pour expliquer l'existence - et la persistance- de coûts élevés en Europe en général mais, principalement aujourd'hui, le peu de sophistication de l'épargnant moyen en Europe, conséquence du manque d'information (objective) sur le sujet, qui favorise l'immobilisme du secteur financier. Ce dernier peut donc continuer de générer des marges très confortables sur les produits. Mais plus fondamentalement, en ce qui concerne les produits boursiers, les raisons historiques du niveau de frais élevé sont pour partie attribuables aux coûts de transactions plus élevés et à des marchés fragmentés, facteurs toujours d'actualité malgré l'intégration des bourses européennes et le développement d'un marché européen pour les produits financiers .

Une autre raison est sans doute liée aux caractéristiques du marché. Le marché américain beaucoup plus important, la culture de l'argent sous-produit de la poursuite de l"American Dream" ont favorisé le développement d'un marché de masse et d'une forte concurrence et donc d'innovations amenant à une baisse des coûts. L' Europe se distingue aussi des USA par un système de protection sociale de la naissance à la mort, avec des systèmes de pension longtemps supposés assurer les besoins financiers futurs des retraités. En théorie ceci amène à un effet de substitution par lequel l'épargne personnelle diminue, de fait on se sent mieux protégé par le "filet social" et en général moins concerné par une diminution du revenu à la retraite. Par contraste, aux USA, le système de pension, la Social Security (créée par Franklin D. Roosevelt en réponse à la paupérisation des seniors durant la Grande Dépression), a, dans l'esprit des retraités, cessé depuis longtemps d'assurer un revenu confortable. Les frais élevés sont aussi le reflet d’un marché où le client, moins concerné par la nécessité d’épargner, doit être démarché par une force de vente qu’il faut rémunérer généreusement chaque fois qu’un prospect parmi 100 autres
souscrit un produit. Enfin, on peut raisonnablement penser que l'importance, aux Etats-Unis, des fonds de pension a aussi contribué à développer le marché des produits financiers et la concurrence.

Des solutions


Quelles que soient les raisons historiques des coûts élevés en Europe, le fait est qu'aujourd'hui, il existe des produits efficients en termes de coûts, offerts aux épargnants en Europe. J'en parle en long et en large dans Comprendre la finance et vos placements : Tout ce qu'on vous cache sur votre épargne. Ce sont ces produits développés aux Etats-Unis et désormais offerts même par des institutions européennes, ce sont, en France, les contrats d'assurance-vie sans frais d'entrée (contrats internet), lorsqu'ils offrent aussi des supports aux coûts raisonnables. Lorsqu'il s'agit de choisir des produits d'épargne, il ne faut jamais oublier que l'importance des frais est capitale . Ainsi en ce qui concerne les fonds de placement, le TER donne une meilleure indication de la performance future que d'autres mesures comme la performance passée. Selon Morningstar , dans toutes les classes d'actifs, sur toutes les périodes, les 20% des fonds les moins chers ont produit des returns plus élevés que les 20% des fonds les plus chers.  Gardez ces quelques chiffres en tête : un surcroît de frais de 1% diminue la valeur du compte de 18% après 20 ans, un surcroît de frais de 1,50% diminue la valeur du compte de 1/4 après 20 ans, de 1/3 après 30 ans.

La solution adoptée par de plus en plus d'investisseurs intelligents est d'opter pour les fonds indiciels et les ETF, au moins pour le cœur de son portefeuille. Ces produits relativement nouveaux en Europe sont une vraie révolution dans la gestion de fortune. Même les gérants de fortune l'ont compris. Attention, certains emploient les ETF  et y ajoutent des frais élevés. Un cas qui a récemment attiré mon attention  c’est celui d’une gamme de fonds gérés par IAM, un gestionnaire genevois qui officie surtout pour des caisses de pension. IAM facture 1,5 à 2% de frais de gestion pour un fonds … d'ETF !  Des frais difficilement justifiables à mon sens. Décidément il y a encore du chemin à parcourir  en Suisse en matière de réduction des coûts !    


*http://www.bloomberg.com/news/2012-03-23/hidden-fund-fees-mean-u-k-investors-pay-double-us-rates.html

Coming Soon : This Blog in English !

Le blog de Buy-Point.com sera désormais bilingue, les articles touchant aux marchés financiers seront souvent en anglais tandis que tout le reste, et ce qui a pour sujet la Suisse demeurera généralement en français sauf si le sujet a vocation d'être lu par une audience internationale. Cette orientation reflète d'une part un choix personnel et d'autre part une intention de servir une audience internationale plus importante que celle locale ou francophone.

jeudi 10 octobre 2013

Hystérie collective

L'hystérie collective c'est un phénomène qui revient régulièrement sur les bourses et aussi en politique, surtout aux Etats-Unis. On en sait un peu plus sur l'incident, dramatique, du Capitol Hill, la semaine dernière. Incident qui avait valu pendant un court moment une chute des cours sur les bourses, ce qui a rappelé un peu les fréquents épisodes de panique chez les traders de 2002 à 2004 chaque fois qu'un avion s'écrasait sur un bâtiment. Ce qu'on sait de la conductrice folle abattue par la police et les services secrets protégeant Capitol Hill :
(Oui je sais, on n'en parle évidemment déjà plus, c'est fini, oublié et ce message est de l'actualité réchauffée)
  • ils s'agissait d'une jeune femme noire, américaine, dans une voiture de sport Infiniti noire (un véhicule fréquemment utilisé par les terroristes kamikazes)
  • elle souffrait de troubles mentaux, le quartier, selon certaines sources, comporte nombres de barricades, déviations etc, propres à dérouter ou faire perdre leur sang froid à certains automobilistes
  • elle n'avait pas d'armes (et pas non plus de burka pour dissimuler de la dynamite)
  • plus d'une vingtaine de coups de feu ont été tirés sur sa voiture durant la poursuite en ville et dans les jardins du Capitol
  • elle transportait un bébé sur le siège arrière (comme les terroristes en général) 
  • la police ayant temporairement immobilisé le véhicule à plusieurs reprises, avait connaissance certainement de la présence du bébé, le véhicule n'a jamais été immobilisé avec succès(!) Certains médias ont affirmé que la voiture avait les vitres teintées, c'est faux comme les photos le montrent
  • comme souvent lorsqu'une erreur est commise par les forces de l'ordre, plusieurs versions de l'épilogue violent ont été diffusées: 1) elle a été abattue lorsqu'elle a pris la fuite de son véhicule à pied , 2) elle a été abattue lorsque son véhicule s'est immobilisé en tentant de croiser une bande de pelouse séparant deux chaussées
  • Dans les deux cas le véhicule s'était déjà éloigné du bâtiment abritant les représentants du peuple, comme les photos le montrent (pare brise intact), elle n'a pas été abattue par un policier en situation de danger
  • heureusement, tout le monde est sain et sauf au Capitol, grâce à la réponse héroïque de la police (dont les procédures ainsi que celles des services secrets au Capitol ne peuvent être rendues publiques) 
  • selon les autorités " il n'apparaît pas pour l'instant que la jeune femme faisait partie d'une cellule terroriste projetant un attentat ". Pour l'instant ....les services secrets enquêtent toujours ... sur des possibles liaisons avec Al Qaeda par exemple.

Réponse très rapide des forces anti-terroristes



 La police s'équipe pour pénétrer dans le domicile de la terroriste présumée. Il fallait craindre la présence d'une bombe artisanale nucléaire ou bactériologique...



mercredi 9 octobre 2013

Yellen devient la première femme à la présidence de la Fed

Sa nomination par M.Obama est saluée comme la décision de la raison et de la continuité . Janet Yellen est une économiste brillante férue de modèles et d'analyse méticuleuse des indicateurs économiques, mais aussi préoccupée par les aspects humains et pratiques de la vie économique. Une technocrate mais avec une sensibilité humaine dans son travail d'économiste au service de l'Etat. Sa priorité est l'emploi, moins le rôle de gardien de la stabilité des prix de la Fed. Comme Bernanke, elle partage en effet la doctrine selon laquelle une banque centrale détient les solutions pour améliorer le taux de chômage et fut à l'avant-garde de la politique non-conventionnelle de la Fed (avec des idées comme le ciblage de l'inflation à 2%). Yellen est donc une économiste "mainstream" qui ne surprendra pas (si ce n'est en étant encore plus accommodante que Bernanke), le choix de la sécurité pour l'administration Obama après le désistement de Summers, même si elle fit partie de la Fed de Greenspan qui mena tout droit à la crise. Sa nomination - qui devra toutefois faire face à l'opposition de certains Républicains au Sénat sceptiques face aux expériences de la Fed et au "manque de modestie" de Yellen quant au rôle de la Fed - assure que le monde restera inondé d'"easy money". Yellen a en effet nié jusqu'ici l'existence de véritables risques liés à la politique de détente quantitative, comme l'encouragement à la prise de risques et la formation de bulles spéculatives.Cela changera-t-il si elle hérite du krach de Bernanke ?

http://www.bloomberg.com/news/2013-10-08/yellen-to-be-named-fed-chairman-as-obama-taps-first-female-chief.html 


Un aperçu de ce que sera la politique de la Fed sous Yellen :
http://video.cnbc.com/gallery/?play=1&video=3000206013


Yellen devra pour être confirmée sans problèmes montrer qu'elle n'est pas complice de mauvaises politiques au Congrès :
 http://www.cnbc.com/id/101098349



Nomination de Yellen , extraits de la conférence de presse :

Obama :  "America's workers will have a champion in Janet Yellen"
Yellen :  "The mandate of the Federal Reserve is to serve all of the American people"

(petite déception, Bernanke n'a pas pris la parole, pour dire "We are not printing money"  comme sur CBS 60 Minutes)

http://www.bloomberg.com/news/2013-10-09/obama-says-yellen-committed-to-fed-s-dual-economic-mandate.html


                    Bill Gross on CNBC : Yellen is Dovish with a capital D 
                              Avoid the long end of the curve


lundi 7 octobre 2013

Julian Robertson Apple Fan No More. L'ancien hedge fund manager liquide Apple ... après avoir lu la bio de Jobs

Robertson a dissous Tiger Fund en l'an 2000, sur un fond de mauvaise presse et de critiques de sa performance, dégoûté qu'il était par la bourse qui lui était à l'époque incompréhensible (Robertson est un adepte de la méthode value). C'était juste avant le crash qui allait lui donner raison. Quelques années plus tard, Robertson qui, à près de 80 ans investissait toujours pour son propre compte, fit une nouvelle fortune durant la crise.
A propos d'Apple, l'action des trois prochains mois sera très importante pour se faire une idée de la direction du cours en 2014, et pour l'instant les graphiques ne présentent rien de bon.
http://www.cnbc.com/id/101092520

Hedge funds : un autre suiveur de tendances en difficultés, FX Concepts se restructure


C'est une autre bombe dans le monde des CTA (Commodity Trading Advisors), ces gestionnaires qui investissent toutes classes d'actifs confondues en suivant les tendances sur les marchés à terme. FX Concepts qui était l'un des CTA les plus importants sur le marché des changes, est en train de se restructurer et serait sur le point de liquider plusieurs fonds. "Trend following is Dead" affirme John Taylor, le trader fondateur de FX Concepts en 1981. Comme JW Henry , un autre géant du secteur dans les années 90 maintenant dissous, Taylor pointe des marchés encadrés, gérés, artificiellement par les politiques des banques centrales pour expliquer les performances médiocres de ces dernières années. Deux ans et demi de perfs très décevantes ont amené des investisseurs comme les fonds de pension des fonctionnaires de San Francisco, celui des écoles publiques de Pennsylvanie et un fonds de pension allemand à récemment se désengager des fonds de Taylor.


Copyright IASG Institutional Advisory Services Group
Les stratégies systématiques, particulièrement sur le marché des changes, ont été décimées cet été. Les CTA dans l’ensemble enregistrent une de leurs pires années. Les hedge funds dans l’ensemble présentent des performances très à la traîne des bourses, les fonds global macro dans l’ensemble sont « flat » ou dans le rouge (selon Barclay Hedge ou HFR). Ce sont les fonds qui profitent du rally boursier (comme les fonds long-short equity, les fonds actions spécialisés et les stratégies « distressed ») qui s’en tirent le mieux. Un gérant global macro comme Stanley Druckenmiller, ex-gérant de Soros avoue être « perdu » dans de tels marchés ( il s’attend en fait à un sommet sur les bourses).
Tout ceci m’indique que peut-être nous sommes non seulement dans la dernière phase de l’ascension (ce qui a été une de mes hypothèses de base) mais aussi peut-être proches de l’implosion. Pour les stratégies de suivi de tendance qui ont souffert ces dernières années, un retour à la normale doit être attendu, bientôt. Et cela signifie donc des dislocations sur les marchés.