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dimanche 23 mars 2014

Première réunion de la Fed sous Yellen : le cirque continue

Les observateurs de la Fed, ces stratégistes qui analysent chacune de ses annonces, chacun des discours de ses décideurs, doivent se sentir un peu déroutés ces temps-ci. La Fed de Yellen continue d'expérimenter, mais cette fois avec quelques changements en comparaison de la ligne suivie par Bernanke. Mercredi, la Fed s'est cette fois-ci semble-t-il empêtrée dans ses tentatives de gérer la réaction du marché à la perspective d'une normalisation des taux. Yellen a bien entendu trouvé des excuses pour renier le seuil du taux de chômage à 6.5%, désormais tout proche, qui fut établi par son prédecesseur pour déclencher progressivement la normalisation du taux directeur. Désormais, c'est un ensemble d'indicateurs qu'elle considérera, autant dire qu'elle pourra trouver toutes les excuses pour maintenir les taux anormalement bas. Ceci est très "dovish" et donc aurait-on pu penser, négatif pour le dollar, mais Yellen a aussi commis une erreur, au moins considérant l'impression qu'elle voulait laisser aux marchés, en mentionnant en passant que la normalisation des taux pourrait commencer "plus ou moins 6 mois" après la fin de la détente quantitative cet automne. Donc au printemps 2015 déjà. Le S&P 500 a accéléré ses pertes sur ces mots et le dollar a poursuivi la hausse déclenchée lors du communiqué peu avant la conférence de presse . 

Plus tard dans la semaine, Bullard de la Fed de St Louis, est intervenu pour rattraper l'erreur ; il précisait que tout ce que Yellen avait voulu dire c'était en fait traduire les attentes actuelles du marché. En bref, à la Fed on est en mode "damage control", on ne sait pas trop quoi dire et quoi faire pour éviter d'indisposer les marchés financiers alimentés par la folle politique d'injection de liquidités de ces dernières années.

Je ne suis pas un Fed watcher, spécialiste de la politique monétaire US, mais quelques mots de Yellen ont aussi attiré mon attention, confirmant ce dont j'ai parlé au sujet de la Fed sous Yellen. La Présidente a dit notamment qu'elle était très consciente des très grandes responsabilités qui lui avaient été conférées, et que les objectifs de la Fed de réduction du taux de chômage lui tenaient particulièrement à coeur. "The buck stops with me", a-t-elle dit ce qui peut se traduire par "c'est moi qui décide", "je suis responsable en dernier ressort". Quelques-uns des plus conservateurs parmi les Républicains avaient averti du "manque de modestie" de Yellen dans son rôle d'économiste à la Fed, de son approche volontariste, fondée sur sa conviction que la politique monétaire pouvait altérer significativement, à ce stade de la reprise, la situation de l'emploi . En bref, Yellen fait partie de ces économistes comme Bernanke, comme Krugman, qui  pensent pouvoir changer le cours des évènements à coups de centaines de milliards de monnaie créée ex-nihilo. Cette vision de la politique monétaire ouvre, selon les sceptiques de la Fed tels que moi, la porte à toutes sortes d'erreurs potentiellement cataclysmiques de la part de la banque centrale US.

Puisque je pense que les bourses resteront probablement soutenues jusqu'à ce que la normalisation des taux se profile à l'horizon, il semble que le prochain krach soit programmé pour se produire entre fin 2014 et 2016, plus probablement je crois dans le courant (fin?) de 2015. Mais pointer précisément le moment d'un tel évènement bien à l'avance est impossible, et pour l'instant nous sommes toujours investis .