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mardi 14 janvier 2014

Suisse : Les cantons privés du dividende de la BNS !

Les politiciens, où que ce soit, sont tous les mêmes. Ils aiment dépenser, votre argent bien sûr. Dépenser pour  aider l'économie ou du moins en donner l'impression, dépenser pour laisser leur trace dans les livres d'histoire et flatter leur électorat avec des projets grandioses, dépenser pour se faire réélire bien sûr (programmes de distribution divers), et dépenser pour renvoyer l'ascenseur aux amis dans le monde des affaires. Les choses ne sont pas bien différentes en Suisse,  même si, dans l'ensemble, en comparaison d'autres pays voisins, on y est traditionnellement un peu austère dans les dépenses publiques.

En 2014 toutefois, les responsables cantonaux des finances vont tous devoir se serrer un peu la ceinture ! Ils sont en effet tombés des nues en apprenant que la BNS ne leur verserait pas le traditionnel dividende auquel ils ont droit en tant qu'actionnaire de la banque centrale helvétique. La plupart n'avaient pas prévu un tel évènement et tablaient bel et bien sur ce dividende pour boucler le budget de l'année. Il faut croire qu'on ne lit pas les nouvelles financières dans les départements des finances car sinon ils auraient peut-être eu vent de la chute de 30% du métal jaune en 2013. Chute qui a fait apparaître une perte de CHF 9 Mds au bilan de la BNS. Mais voilà, au fil des années, les cantons se sont habitués à cette manne de la BNS pour boucher les trous de leurs budgets. Entre 2000 et 2005, la BNS a ainsi vendu 1300 tonnes d'or, à peu près la moitié de son stock, après que la parité-or du franc fut rayée de la constitution. Le produit des ventes fut distribué aux cantons qui s'empressèrent de l'utiliser (souvent pour réduire les dettes accumulées depuis des années). La BNS a donc soldé sur les places internationales une grosse partie de son or quand les cours étaient 70 % inférieurs à aujourd'hui ! Et malgré le fait  que ceux-ci étaient déjà dans une tendance à la hausse appelée alors à perdurer selon beaucoup d'observateurs. Ceci n'est pas surprenant, les banques centrales sont en général de très mauvais traders, quand il s'agit de l'or du moins. Elles achètent au sommet, comme plusieurs dans les pays émergents le firent ces dernières années, et elles vendent à des prix déprimés. (A propos, c'est aussi pour cela qu'il ne faut jamais écouter un amoureux de l'or criant à qui veut bien l'entendre qu'il faut acheter "parce que les banques centrales sont acheteuses ! ".)  

La BNS avait pourtant averti les cantons qu'il ne fallait plus compter sur le dividende. Son bilan aujourd'hui gigantesque à la suite de la politique de plancher du franc contient des holdings de devises étrangères à hauteur de 3/4 du PIB, ce qui soumet la BNS à de très gros risques de pertes massives. Même la banque centrale américaine n'a pas enflé son bilan dans de telles proportions. Et ce qui lui reste d'or, quelques 1000 tonnes, dont près d'un tiers est conservé en Grande-Bretagne et au Canada, est immobilisé. A noter qu'une initiative populaire vise à rapatrier tout l'or en Suisse et instituer une part minimum d'or dans le bilan de la BNS afin de revenir à une certaine discipline contre des politiques inflationnistes, qui pouvait exister lorsque l'étalon-or était en vigueur. Bien évidemment, une telle contrainte rendrait très difficiles les politiques d'assouplisssement quantitatif dans le style de la Fed ou le maintien des opérations de changes actuelles de la BNS.