Rechercher dans ce blog

mercredi 8 janvier 2014

Bourses : Perspectives 2014


Après de courtes vacances au Tessin et en Italie où j'ai pu apprécier une atmosphère et une architecture figées dans le temps (pas de boom immobilier, ou bulle, en Italie , le contraste est saisissant) et bien sûr le bon vin et les meilleures pizzas à la moitié du prix de la Suisse, il fallait être de retour au travail pour préparer 2014.Voici donc republiées, (partiellement et agrémentées de quelques commentaires additionnels pour ce blog) mes perspectives communiquées aux clients, début janvier. En fin de compte, j'aurais sans doute pu rallonger ce congé et m'offrir un peu plus de Dolce Vita, car si 2013 avait démarré sur les chapeaux de roues avec un signal d'achat le 31 décembre, 2014 a démarré très lentement, comme si les desks étaient restés désertés les premiers jours de l'année.

Signes de surchauffe, mais ...


Les bourses ont terminé 2013 en beauté sur la lancée du rally du 3e trimestre qui avait aussi marqué le retour en grâce des bourses européennes. Les marchés actions ont donc fini l’année avec des gains que l’on n’avait plus vus depuis longtemps. Le CAC en hausse de 17.99%, le Dax à + 25.48%, le FTSE100 gagne 14.4%. Aux Etats-Unis, le S&P 500 s’est apprécié de 29.6%, le Dow Jones Industrials termine en hausse de 26.5% et le Nasdaq Composite gagne un incroyable 38%. Au Japon le Nikkei a lui gagné 56.7 %! Tous ces chiffres n’incluent pas le rendement de dividendes. C’est la meilleure année pour le S&P depuis 16 ans et pour le Dow depuis 18 ans, les deux indices phares finissent l’année aux plus hauts de l’année et à de nouveaux records historiques. Ce dernier point est particulièrement positif pour 2014, le momentum ayant de fortes chances de se maintenir pour une partie de l’année, la première moitié de 2014 pourrait bien donner lieu à une continuation de cette folle avancée des bourses. Il y a de nombreux signes de surchauffe sur les marchés actions et nous sommes sans doute tout à la fin du monumental rally créé depuis mars 2009 par les actions de la Fed et les amendements à la règle comptable FAS 157 (mark-to-market) introduite en 2007 et qui avait aggravé la situation des bilans des banques. A posteriori, on est forcé de reconnaître que les actions des autorités américaines ont depuis 2009 engendré un des plus grands marchés haussiers de tous les temps. De leur côté, les entreprises, particulièrement aux USA, ont bénéficié d’une hausse continue de leurs profits grâce à des réductions de coûts, (et récemment les rachats d'actions qui boostent le bénéfice par action) et les analystes en général ont depuis 2009 sous-estimé la reprise des bénéfices des entreprises US. Si aux USA les profits des entreprises ont dépassé largement les niveaux de 2007, en Europe toutefois la reprise des bénéfices s'est heurtée en 2010 à la crise de la dette des périphériques bien sûr. 


Nous sommes dans un scénario similaire au grand BOUM ! envisagé par Jeffrey Gundlach - sauf que nous n'avons pas d'inflation au niveau des prix à la consommation - l'inflation va dans les actions . Voir mon message à ce sujet en décembre 2012 : Economie : Jefffrey Gundlach (l’autre Bond King ), prédit un grand Boum !



Un nouveau "bull market"  ?


D’aucuns voient aujourd’hui dans les nouveaux niveaux records des indices le début d’une hausse à long terme des bourses, marquant aussi un retour à la croissance après la Grande Récession qui suivit les crises de 2008 et puis de 2010 en Europe. Parmi les économistes, le PIB de la zone euro est projeté en croissance de 1% -1.5% en 2014 après deux années de contraction, les USA devraient enregistrer une croissance en hausse d’environ 2.5% -3% et le Japon 1.5%, en légère baisse. La Chine devrait croître à 8.2% (vs 7.7% en 2013). La croissance mondiale est attendue à 3.6% vs estimations de 2.7% pour 2013 selon l’OCDE.
Toutefois, les bourses anticipent toujours le futur et la hausse passée reflète simplement la situation économique présente et dans les prochains mois, largement en amélioration depuis 2011 et bien sûr 2008-2009. La hausse de ces dernières années a aussi amené les valorisations à des niveaux impliquant des returns très médiocres dans les prochaines années. Le grand débat actuel sur le niveau de surévaluation des bourses indique d’une part qu’investir aujourd’hui est beaucoup plus risqué mais également que la surévaluation n’est pas encore reconnue par l’ensemble des participants, à mon avis laissant certainement la place pour une continuation de la hausse vers des niveaux de surévaluation plus élevés voire extrêmes. La nomination de Janet Yellen à la tête de la Fed pointe certainement dans cette direction et on ne peut qu’avoir un mauvais pressentiment lorsque l’on connaît son penchant pour les politiques monétaires volontaristes et l’aveuglement dont elle fit preuve face aux bulles spéculatives du passé.




 S&P 500 : the long term picture (Graphique par Worden Brothers)
 

Les rapports cours/bénéfices ne sont pas encore à des niveaux caractéristiques des bulles spéculatives, mais ils s’en approchent et il faut se rappeler qu’en 2007, les PE n’étaient pas extrêmes non plus, comme aujourd’hui. Le PE sur le Stoxx600 (actions Europe y compris UK) s’établit à 15 (sur base de projections des bénéfices 2014), aux USA, le PE du S&P 500 égale 15 aussi (mais s'établit à 18 considérant les profits GAAP projetés et non pas les résultats d'exploitation toujours plus roses et sur lesquels se focalise Wall Street), les actions japonaises ont un rapport cours/bénéfices (forward) aux alentours de 14 et les Emergents bénéficient des valorisations les plus attractives avec un PE juste au-dessus de 10 pour le MSCI EM.

Le problème pour les investisseurs attirés par ces valorisations, c’est qu’aujourd’hui les marges bénéficiaires pour les entreprises du S&P 500 par exemple sont à des niveaux records, or les marges ont tendance à retourner à la normale. Toute valorisation ne prenant pas en compte cet état de fait donne une dangereuse confiance à l’investisseur. Le professeur Shiller de l’Université de Yale, auteur de “Irrational Exuberance”, ouvrage qui avertit en 1999 de la bulle technologique a développé le Cyclically Adjusted PE qui calcule le cours/bénéfice sur base de la moyenne des 10 dernières années et lisse donc le cycle des marges bénéficiaires (et des ventes). Le CAPE de Shiller se situe aujourd’hui à 25, un niveau élevé (médian sur 25 ans : 23), plus de 80% du temps depuis 1926 , cette mesure s’est trouvée à des niveaux plus bas, même si elle est aujourd’hui loin de son pic à plus de 45, début 2000. Plus le CAPE est élevé, moins élevés sont les rendements auxquels doivent s’attendre les investisseurs dans les prochaines années.

Il ne faut pas se faire trop d’illusions sur les perspectives de la bourse à long terme


Cependant, une chose est frappante aujourd’hui dans les médias financiers, on parle beaucoup du CAPE, on débat de son caractère de prédictabilité des returns, du fait qu’il “surévalue” les actions dans le contexte actuel à cause du niveau anormalement déprimé des profits en 2008-2009. Le CAPE semble-t-il est devenu la nouvelle mesure favorite des investisseurs. Pour en revenir à ce que j’ai dit au sujet des valorisations pouvant devenir plus élevées encore, ce nouveau focus sur le CAPE pourrait coincider justement avec un tel phénomène dans le contexte d’exubérance boursière, au grand dam des investisseurs obsédés par les valorisations. Il ne fait pas de doute toutefois qu’à plus long terme, pour les 5-7 prochaines années, il ne faut pas se faire trop d’illusions sur les perspectives de la bourse. Aux Etats-Unis, beaucoup de gestionnaires de fonds “value” ont tellement de peine à trouver de bonnes affaires qu’ils ont augmenté la part de liquidités dans leur portefeuille pour certains jusqu’à 30% et plus, c’est exceptionnel. Le très respecté gestionnaire américain GMO, prédit des returns réels négatifs sur les actions US pour les 7 prochaines années, les small caps offrant la pire performance. GMO voit seulement les marchés émergents offrir des rendements proches de 5%. (GMO ne prédit toutefois pas un effondrement imminent.) Morningstar classe à peu près 1000 actions US pour leur assigner une note de valorisation , 5 étoiles signifiant une forte décote sur valeur intrinsèque, seules une dizaine d’actions recueillent aujourd’hui ce privilège, la plupart étant classées 2 ou 3 étoiles. Morningstar voit les cycliques comme les techs, et les sociétés industrielles comme étant particulièrement riches. Et que dire des PE absolument déments sur certains titres du Nasdaq :

Netflix : 306
Facebook : 140
Twitter : N/A (pas de bénéfices!)
LinkedIn : 953
On se croirait en l’an 2000 ! Merci Bernanke, de la part de Mark Zuckerberg &Co !

Examinant le sentiment des investisseurs, cette euphorie se retrouve dans les indicateurs à court terme habituels que sont les sondages : le sondage de Investors Intelligence interrogeant les conseillers et auteurs de newsletters montre que plus de 59% d’entre eux sont “bullish”, seulement 14% “bearish”, c’est un niveau d’optimisme extrême coincidant avec une correction. Situation semblable du côté des investisseurs particuliers américains, ils ont en moyenne 64% d’actions en portefeuille contre 69% au pic de 2007. Autre signal d’alarme : le niveau de dette de marge sur le NYSE, ce sont les sommes empruntées pour spéculer, nous sommes à un record historique. Comme en l’an 2000. En conclusion, nous nous trouvons dans la dernière phase de ce bullmarket extraordinaire, la durée moyenne d’un marché haussier depuis 1950 est de 53 mois, celui-ci a duré 57 mois déjà. Il peut durer plus longtemps encore. Comme je l’ai dit tout au long de 2013 dans la newsletter, presque tout est possible en terme de hausse (du S&P) , car nous vivons dans une ère nouvelle de pure folie monétaire. L’arrivée de Yellen à la tête de la Fed ne fait que renforcer ce triste constat. Il ne fait aucun doute qu’au moindre soubresaut des marchés, Yellen inventera de nouveaux moyens pour tenter de tenir la bourse à bout de bras.



Comme je l’ai dit tout au long de 2013, presque tout est possible en terme de hausse, car nous vivons dans une ère nouvelle de pure folie monétaire. Cela reste valable pour les 24 prochains mois ... L'écart entre la fortune des plus riches et le revenu du reste de la population pourrait atteindre des niveaux jamais vus dans toute l'histoire de l'humanité 



 On ne peut avoir qu'un mauvais pressentiment lorsque l’on connaît le penchant de Janet Yellen pour les politiques monétaires volontaristes et l’aveuglement dont elle fit preuve face aux bulles spéculatives du passé. Donald Kohn aurait sans doute été un meilleur Président, mais pour M. Obama, il s'agissait de ne pas faire de vagues dans l'objectif d'assurer le succès économique de son deuxième mandat. Yellen, protégée de Bernanke, était le candidat dans la parfaite lignée du Président actuel, elle garantissait aussi qu'elle n'allait pas surprendre, contrarier, les marchés par une sortie immédiate de la politique ultra-accommodante de la Fed. Le Président des Etats-Unis a pourtant récemment déclaré vouloir éviter les erreurs et les bulles du passé. M. Obama a beau avoir à disposition les esprits les plus brillants - bien que pour la plupart connectés à Wall Street - il n'a semble-t-il pas tout compris au sujet des bulles spéculatives.  



 A plus long terme, cette image devrait représenter assez fidèlement ce qui attend l'économie mondiale ....


La Fed continue d’acheter 75 Mds par mois de bons du Trésor et de MBS, et elle a promis que les taux resteraient à zéro pour longtemps. Bien sûr ceci est la rationalisation que tous les professionnels font aujourd’hui pour être investi en bourse, et il est certain que tout placer en liquidités est dangereux dans un tel contexte d’expérimentation monétaire. Mais j’accorde comme toujours le dernier mot à la situation technique et aux graphiques, ils indiquent bel et bien un niveau d’euphorie extrême et très probablement un “climactic top” généralisé en progression . Mais ils tendent aussi à indiquer que la hausse n’est pas finie, nous n’allons donc pas essayer de prédire aujourd’hui le sommet en terme de date ou de niveaux, préférant suivre notre système . Je pense que 2014 verra des niveaux plus élevés sur les indices, au moins à un certain point dans l’année. Vu le niveau d’optimisme extrême, une correction est très possible ce mois de janvier, elle semble d’ailleurs avoir commencé ce jeudi à la réouverture.

Cette correction pourrait être plus importante que ce à quoi beaucoup s’attendent, et une mauvaise première semaine ne serait pas de bon augure pour 2014 (sa performance est souvent une indication pour la suite) mais la saisonnalité positive devrait jouer en faveur des bourses au premier trimestre. Si les cours continuent de monter dans la première partie de l’année, une forte correction est quasiment certaine ensuite. Toute la question est de savoir jusqu’où l’avancée peut aller et ensuite se corriger. Correction ou krach ? A terme, à un certain point dans les 3-4 prochaines années, un krach (apocalyptique) est bien sûr certain, mais peut-être pas encore cette année. Il n’y a d’ailleurs pas de catalyseur actuellement pour un tel évènement. Ceci me fait penser qu’un évènement inattendu pourrait venir bouleverser la donne et causer un krach. Mais même dans ce cas, nous aurions des signes avant-coureurs et aurons certainement le temps de sortir du marché avant les plus gros dégâts. Les bourses européennes, et US pour des paris sur titres individuels, paraissent les plus intéressantes avec le Japon. Les marchés émergents ont bien récupéré depuis leurs déboires cet été, mais les marchés brésiliens et chinois restent dans une très mauvaise posture d’un point de vue technique. Avec un consensus des estimations de résultats d’exploitation 2014 aux alentours de $120, le S&P 500 dépasserait la barre des 2000 points avec expansion du cours/ bénéfice au-dessus de 17 (PE TMT operating earnings). Ceci représenterait une avancée de 8 à 10%. La plupart des stratégistes s’attendent à une clôture entre 1900 et 2050 fin 2014. D’un point de vue technique, une avancée comparable à cette année est certainement envisageable, ce qui donnerait un gain de +-23%, même si elle ne se ferait pas en ligne droite -une très forte correction est quasi certaine à un certain point dans l’année. Il est très improbable que 2014 soit une ligne droite comme 2013 le fut sur le S&P 500, c’est la 3ème année du cycle présidentiel (mi-mandat), historiquement médiocre et sujette aux “bear markets”, c’est aussi une année charnière dans le cycle de 4 ans comme le furent 2010, (2006), 2002, 1998 etc. ces années coincident avec un creux. Ce cycle popularisé vers 2005 entre autres par les études du trader rénommé Larry Williams, ne s'est toutefois pas avéré très utile aux investisseurs avec le grand krach de 2008 (comme quoi il faut se méfier des indicateurs à la mode), mais son historique à long terme mérite qu'on y prête attention.  A propos, Williams est très “bullish” pour 2014, mais s’attend à une correction.



Marchés obligataires

Les fonds obligataires ont enregistré des performances bien inférieures à l’année 2012, en général entre 0 et 5% lorsque positives. La catégorie “high yield” s’est mieux portée. Les marchés obligataires ont bien sûr été affectés par la hausse des taux aux Etats-Unis, côté Emergents, le ralentissement de la croissance et des inquiétudes sur la santé de ces économies ont pesé aussi . Les taux US à 10 et 30 ans ont tous deux gagné plus de 100 points de base, une très forte hausse en relation avec le très bas niveau des taux fin 2012.
Pour 2014, une poursuite de la hausse des taux US semble probable, des niveaux clés ont été franchis ce mois de décembre , 3,9% sur le 30 ans, 2,98% sur le 10 ans. A noter que ceci serait le corollaire d’une continuation de la hausse des bourses, dans un premier temps avant que celles-ci ne soient finalement affectées par la hausse des rendements obligataires. La hausse des taux US si elle devait continuer et s’accélérer affecterait aussi les taux en Europe et partout dans le monde.

Il est aujourd’hui communément accepté que les obligations, en particulier de catégorie investissement, telles que les bons d’Etat représentent un des plus mauvais placements pour les prochaines années. Le taux du Bund allemand à 10 ans s’établit à 1.94% alors que la moyenne à long terme est 3.7%, et il a gagné 50 points de base sur l’année. Avec une duration moyenne de 7 ans, un portefeuille en Bunds perd à peu près 3.5% lors d’une hausse des taux de 50 points de base. Du côté des obligations d’entreprises, quel que soit le scénario, reprise ou nouvelle crise, le segment corporate d’investissement verra une hausse des rendements affectant négativement les cours. Aujourd'hui, seule la catégorie “high yield”, relativement moins affectée par une hausse des taux, et supportée par l’amélioration des conditions économiques permet encore de recueillir des rendements significatifs. Mais là aussi, il est conseillé de rester dans des durations intermédiaires pour ne pas s’exposer à une forte hausse des taux et il y a des signes inquiétants pour le long terme : niveaux records d’émission et les spreads (de taux, bons d'Etat vs junk ) sont bien plus faibles qu’en 2011-2012. La performance ne sera pas aussi bonne que ces dernières années car il y a peu de marge d’évolution pour une baisse des spreads (ou hausse des cours) vis-à-vis des bons d’Etat, la situation des bourses représente également un risque pour le haut rendement, fortement tributaire du bon maintien des marchés actions.



  US 10 Year Yield (Graphique par Worden Brothers)

 

Matières premières

Nous avons été négatifs sur les matières premières depuis 2011 (sur base de facteurs techniques) et les performances ont été très mauvaises depuis. Ce qui n’est pas surprenant (après la forte hausse de 2010), la performance des matières premières sur le long terme est peu intéressante en comparaison de celle d’autres actifs. A titre d’information, la performance de deux ETF de référence, le DBC (Powershares DB Commodity Index Fund) et le DBA (Powershares DB Agriculture Fund) fut respectivement -7.6% et -13% en 2013. Pour 2014, nous sommes moins négatifs, presque neutres mais attendons une autre année de performance peu attractive pour le groupe. Certains produits sont susceptibles de voir leur cours s’apprécier, d’autres continueront d’être déprimés. En gros, il n’y a pas de raison pour les investisseurs de s’intéresser aux matières premières si ce n’est pour des paris tactiques sur des produits individuels (pour les investisseurs expérimentés). Il faut malgré tout envisager que ces perspectives changent en cours d’année, la raison étant bien sûr l’arrivée de Yellen à la tête de la Fed . On se rappelle que la Fed de Bernanke avait favorisé l’explosion des cours en 2007 et causé à nouveau une forte hausse fin 2010 avec le deuxième tour de rachat d’obligations destiné à supporter les marchés. Le brut à New York était passé de $80 le baril à plus de $110, les cours des produits agricoles s'étaient envolés. L’inflation partout dans le monde connut en conséquence une recrudescence en 2011. Les investisseurs voient aujourd’hui la Fed en phase de repli en ce qui concerne la détente quantitative et cela a bien sûr eu l’effet inverse sur les matières premières qui ont aussi souffert de la hausse des taux longs et du ralentissement des pays émergents. Mais avec Yellen, considérée comme pire que Bernanke pour son penchant accommodant, tout est possible malheureusement. Par exemple, on pourrait assister à une nouvelle hausse soudaine des cours des matières premières si les investisseurs se rendent compte que Yellen embarque l’économie vers une détente quantitative interminable et en particulier si les attentes quant à l’inflation se déteriorent soudainement (improbable) .
 
En ce qui concerne l’or et l’argent, le premier a connu sa première baisse après 11 années de hausse. C’est le début sans doute d’un marché baissier à long terme pour l’or. Un fort rebond est toutefois fort probable en ce début d’année, mais il s’agira sans doute d’un autre piège tendu aux “gold bugs”, les amoureux du métal jaune. Ce qui est valable pour l’or l’est sans doute pour l’argent aussi. Dans le meilleur des scénarios, l’or et l’argent seront “dead money” pour les deux prochaines années avant de remonter peut-être pour reprendre leur ascension. C’est dans l’hypothèse où Yellen confirme les pires craintes que l’on peut avoir à son sujet, c’est l’hypothèse du désastre inflationniste qui pourrait faire suite à une ultime crise et krach lesquels nous emporteraient grâce aux banquiers centraux dans le trou noir de la monétisation de la dette (détente quantitative à l’infini).


Dans le scénario d'une nouvelle crise, les banquiers centraux qui ont quasiment épuisé toutes leurs munitions, nous emporteraient dans le trou noir de la monétisation de la dette. Un désastre inflationniste pourrait suivre cette crise finale.  Ce serait le grand "RESET" dont certains commentateurs parlent depuis longtemps, la remise à zéro de notre système économique et social basé sur la dette, et cassé. La classe moyenne serait anéantie. La confiscation par l'Etat ne se ferait pas que par l'inflation.