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dimanche 21 février 2016

Crise prochaine : ce que les gouvernements préparent

Le monde se rend peu à peu à l'évidence d'une nouvelle crise nous arrivant droit dessus. Le magazine The Economist  analyse cette semaine les options des banques centrales lorsque cette crise frappera l'économie mondiale; reconnaissant les résultats décevants des politiques non-conventionnelles actuelles, The Economist recommande que les gouvernements et les banques centrales aient recours cette fois à des mesures extrêmes.  Lesquelles ? Je vais les passer en revue ici en résumé, mais avant toute chose je voudrais faire remarquer que si cette publication bénéficie nul doute d'un suivi important parmi les décideurs,  son équipe éditoriale n'est pourtant pas vraiment connue pour sa clairvoyance. The Economist a pris parti en faveur de la guerre en Irak ( en Afghanistan aussi) qui s'est avérée être une colossale erreur (ou manipulation selon la manière dont on voit les choses), on le réalise aujourd'hui, d'une ampleur telle à menacer la paix mondiale; The Economist a soutenu George Bush et sa guerre contre le terrorisme, et l'histoire dira si le magazine a raison d'être partisan d'une politique de portes grandes ouvertes aux réfugiés du Moyen-Orient (une façon de résoudre la crise démographique en Europe). The Economist prit parti aussi en faveur des politiques monétaires que l'on connait depuis 2008 et qui ont largement échoué en dehors des Etats-Unis. Sur ce dernier sujet, le prestigieux magazine britannique  en rajoute une couche et  va jusqu'à proposer qu'en cas de grave crise les états aient recours à diverses mesures pour créer une panique inflationniste propre à contrecarrer une spirale déflationniste .

Parmi les mesures suggérées on notera :

-un recours direct des états à la planche à billets, l'Etat emprunterait directement à la banque centrale sans passer par les banques, déconstruisant ainsi toutes les lois apparues au cours du siècle passé pour empêcher les crises inflationnistes, phènomènes destructeurs dont les gouvernements sont toujours la cause

- le rachat par les banques centrales d'obligations junk, d'actions (!) et même d'immeubles si nécessaire... Enfin, en bref, les banques centrales rachètent tout ce qui est pourri, et sauvent tous les incompétents

- l'annulation des obligations rachetées par les banques centrales. The Economist reconnaît que celles-ci seraient alors techniquement en faillite. Mais ce n'est pas grave, puisque elles peuvent être renflouées par le Trésor, c'est-à-dire vous le contribuable 

- davantage de recours aux taux d'intérêt négatifs, qui seront également passés aux épargnants, pour éviter les effets de l'accumulation de cash physique par ceux-ci, le cash deviendrait interdit (une idée suggérée déjà par certains Dr Frankensteins de l'économie, Ken Rogoff, Olivier Blanchard au FMI), ce qui bien sûr arrangerait bien les gouvernements capables désormais de contrôler tous les flux financiers, ainsi que jusque dans les petits détails de votre vie quotidienne

- des hausses de salaire légiférées, pour créer une dynamique inflationniste en forçant les entreprises à relever leur prix . The Economist reconnaît que de telles mesures ne s'appliqueraient pas à toutes les économies, mais le recommande au Japon.


De quoi s'inquiéter, voire paniquer en avance, quand on connait le cheminement des idées qui font les politiques. Des économistes en mal d'attention cogitent, et publient, les belles théories sont peu à peu reprises dans les médias économiques et financiers. Le grand public finit par croire que ces experts peuvent résoudre tous nos problèmes. Lorsque la crise frappe, des politiciens désespérés, qui n'ont rien vu venir, reprennent ces idées à leur compte. De quoi s'inquiéter aussi alors que Christine Lagarde qui s'est faite la porte-parole des apprentis-sorciers vient d'être reconduite pour 5 ans au FMI.