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mercredi 12 février 2014

James Grant résume Yellen pour vous : "Nous avons nationalisé la courbe des taux et lancé un programme d'enrichissement des actionnaires"

La première intervention de Yellen comme Présidente de la Fed fut éclairante, le discours m'a aussi semblé un peu plus franc et clair que ce à quoi ses prédécesseurs nous avaient habitués. Yellen a ainsi bien précisé que les buts de la Réserve Fédérale depuis la crise furent de supporter (faire remonter) les prix des actifs, en particulier les prix des maisons (qui bien sûr avaient chuté après avoir atteint des niveaux complètement fous) et elle s’est félicitée du fait que les prix de l’immobilier « étaient remontés très fort » (les banques et les spéculateurs du private equity comme Blackstone qui ont repris les maisons des propriétaires ruinés pour leur louer les lieux la remercient, les primo-accédants pas), preuve selon elle de l’efficacité de la politique de la Fed. Mais pour les sceptiques et critiques de la Fed, le verdict final sur la performance de Yellen est, sans surprise : désolant. Le grand  James Grant (Interest Rate Observer) de passage sur le plateau de CNBC, a lui trouvé que Yellen avait manqué de franchise, ce qu'elle aurait dû dire pour décrire la politique dont elle s'est faite l'ardent défenseur et l'un des architectes :  "Nous avons nationalisé la courbe des taux et lancé un programme de création de richesse pour les actionnaires". A propos, Grant a aussi pointé du doigt les excès actuels sur les bourses, qualifiant le secteur biotech de complètement "wacky".

Les téléspectateurs ont pu compter sur quelques représentants républicains (notamment du Texas) pour faire leur travail, avec quelques "tough questions" pour Yellen. Les réponses de Yellen ont parfois eu de quoi faire secouer la tête. Exemple :lorsque confrontée au fait que la Fed a essentiellement financé et donc rendu possibles des déficits publics, Yellen répond par : "auriez-vous préféré que nous relevions les taux d'intérêt (ndlr : à long terme, en nous réfrénant de lancer un 2ème et 3ème tour d'achats d'obligations) ce qui aurait empiré les déficits " (par un alourdissement de la charge d'intérêts) ?! Laisser jouer le marché est donc "relever les taux" pour Yellen. Ou encore : "fin 2012, nous avons décidé de lancer un nouveau programme d'assouplissement quantitatif alors que l'élan de l'économie semblait se ralentir, de manière à accélérer l'élan" et permettre une reprise plus vigoureuse. Ceci sera sans doute votre erreur fatale, Madame Yellen. Il semble que vous n'échapperez pas à la malédiction des nouveaux présidents de la Fed, mais vous n'aurez que vous-mêmes et vos collègues à blâmer .

P.S. comme on pouvait s' y attendre, la journée s'est soldée par un énorme rally a New York.